MALADIES ÉMERGENTES VÉGÉTALES

Des maladies venant de nulle part ?

Certaines maladies émergentes sont dues à des parasites totalement inconnus, n'ayant jamais été signalés auparavant. Ceux-ci peuvent exister depuis longtemps, mais, trop peu nombreux, ils ont été jusqu'alors indétectables. Ils sont devenus visibles à la suite de modifications des systèmes de culture favorisant leur émergence.

Certains parasites possèdent toutefois des mécanismes évolutifs qui expliquent l'émergence de maladies nouvelles. En effet, comme chez les virus animaux et humains, la recombinaison des souches est fréquente chez les virus végétaux. Par exemple, la ré-émergence de la pandémie de mosaïque du manioc en Afrique centrale, depuis les années 1990, est attribuée à l'hybridation de deux espèces virales. En zone méditerranéenne européenne, les cultures fruitières et légumières sont de plus en plus menacées par de nouveaux virus recombinants. Cette menace est accrue par l'invasion dans cette région de l'aleurode (mouche blanche) Bemisia tabaci, vecteur de ces virus recombinants et également l'un des vecteurs des virus du manioc. Chez les champignons et organismes apparentés, l'hybridation entre les espèces, plus lente et moins documentée, a été considérée comme marginale jusque dans les années 1990. Depuis lors, de nombreux cas d'hybridation ont été mis en évidence et étudiés, notamment en pathologie forestière. Le dépérissement de l'aulne affectant toute l'Europe est ainsi causé par l'hybride de deux espèces de Phytophthora exotiques et non pathogènes sur cet arbre.