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MALADIES INFECTIEUSES ÉMERGENTES

La réémergence de maladies infectieuses connues

Certaines pathologies d’abord émergentes disparaissent puis réapparaissent de façon sporadique dans leur zone d’endémicité. Ebola, après sa première apparition en 1976, est un exemple de cette émergence répétée. La raison est que la même cause (la chasse pour la consommation de viande de brousse) produit les mêmes effets, la contamination étant liée au contact avec des singes contaminés.

Le retour des deux grands fléaux « historiques », la peste et le choléra, qui ont tant marqué les populations lors des pandémies successives au point de faire partie du fonds culturel commun à l’Eurasie, pose des problèmes différents. On pouvait les croire éradiqués. Or, la peste et le choléra font périodiquement leur réapparition, réémergent, sous forme de foyers d’épidémies locales en de nombreux endroits dans le monde. Après avoir causé sept pandémies depuis 1817 (on notera que cela correspond à l’explosion du commerce maritime), le choléra réapparaît sporadiquement. On a connu une épidémie à Naples en 1973, la dernière en Europe, participant de la septième pandémie qui débute en 1961. À partir de la souche initiale de Vibrio cholerae identifiée par Robert Koch en 1884, originaire du Bengale tout comme le choléra de Moreau de Jonnès, plusieurs variants de pathogénicité et de stabilité différentes se sont répandus. La souche « El Tor » domine la septième pandémie de choléra qui débute en Indonésie en 1961. Après le séisme de 2010 en Haïti, l’épidémie de choléra qui a éclaté est due à la souche « El Tor », clairement introduite par les soldats du contingent népalais de l’ONU. On peut parler là d’émergence locale, mais pas à partir de l’Amérique du Sud, pourtant atteinte par la septième pandémie en 1991. Il s’agit du voyage d’un microbe dans le corps d’un porteur sain qui se traduit localement par environ 10 000 décès. Le choléra peut se manifester périodiquement pour des raisons climatiques, à intervalles de quatre à cinq ans en un même lieu, par exemple autour du lac Tchad. Les épidémies de 2017 dans le Haut-Katanga (République démocratique du Congo) et celle du Yémen (également en 2017) témoignent de la revitalisation d’une endémicité à bas bruit, par la guerre et de manière générale par la désorganisation des systèmes de santé et de distribution de l’eau, paramètres les plus courants de résurgence de cette maladie comme de bien d’autres.

Contrôle de la peste, Madagascar - crédits : Rijasolo/ AFP

Contrôle de la peste, Madagascar

Disparue d’Europe à la fin du xixe siècle, la peste est réapparue brusquement dans les années 1920 à Paris et à Marseille sous le nom de « peste des chiffonniers ». Elle revient régulièrement en divers points du globe, indépendamment les uns des autres, à partir de foyers d’endémicité chez des rongeurs sauvages, qui ne sont pas aisés à contrôler. Ainsi, la peste véhiculée par une marmotte sibérienne a engendré une épidémie à Yumen en Chine en 2014, tout comme la marmotte infectée avait provoqué celle de 1910 en Mandchourie. Il existe un foyer endémique aux limites de la Sibérie orientale au sein de cette population d’animaux recherchés pour leur fourrure, à l’origine de cas sporadiques en Mongolie en 2020. À Madagascar, la peste reste un problème permanent de santé publique. Elle est arrivée dans l’île en 1898 lors de la troisième pandémie et est restée endémique à bas bruit. La poussée massive qui débute en 1994 traduit la migration des rongeurs porteurs du bacille de Yersin vers les habitations et les lieux de stockage des grains, autrefois loin des villages, maintenant regroupés pour des raisons liées aux troubles que connaît l’île.

En réalité, la plupart des maladies endémiques et épidémiques sont en régression sous la pression des traitements et de la prévention lors des périodes de stabilité politique, mais ne disparaissent pas complètement et le moindre[...]

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Écrit par

  • : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur

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Médias

Virus VIH et lymphocyte T4 - crédits : SPL/ AKG-images

Virus VIH et lymphocyte T4

Relations de parenté entre virus humains VIH et virus simiens VIS - crédits : Encyclopædia Universalis France

Relations de parenté entre virus humains VIH et virus simiens VIS

Tique en train de se nourrir - crédits : SPL/ AKG-images

Tique en train de se nourrir