MALAISIE ET INDONÉSIE, langues et littératures
Les autres littératures de l'Archipel
Il n'a été question ici que des littératures les mieux connues (javanaise et malaise) ; mais il ne faudrait pas oublier pour autant toutes celles qui, écrites ou orales, n'ont pas fait l'objet de la même attention de la part des philologues et des ethnologues. On ne dispose encore, en ce qui les concerne, que de peu de matériaux élaborés.
Il faut d'abord signaler l'intérêt de certains textes en acihais et en minangkabau (notés en caractères arabes, comme le malais classique) ; dès la fin du xixe siècle, le grand islamologue C. Snouck-Hurgronje donnait un résumé de certaines œuvres acihaises et, en 1937, H. K. J. Cowan éditait le texte du Hikayat Malém Dagang (Histoire du pilote Dagang), sorte de poème épique chantant la grandeur d'Iskandar Muda (sultan d'Acéh au xviie s.). Mentionnons l'existence de manuscrits batak et rejang (notés sur écorce dans des écritures originales, dont le principe rappelle celui des écritures indiennes) ; plus que d'œuvres à proprement parler « littéraires », il s'agit ici de traités magico-religieux ou de recueils de formules ; H. N. Van der Tuuk s'est intéressé aux premiers dès 1860 et M. A. Jaspan a publié récemment une étude sur les textes rejang. On notera, enfin, l'importance de la littérature proprement balinaise (textes religieux, ou tutur, historiques, ou gaguritan, et techniques) et surtout l'impressionnant ensemble formé par les littératures makasar et bugis, du sud de Célèbes, notées avec des alphabets également originaux ; elles ont été surtout étudiées par le Hollandais J. B. Matthes, au xixe siècle, et mériteraient de figurer en regard des littératures javanaise et malaise, si elles étaient mieux connues ; elles comprennent des traités religieux, des chroniques historiques, des poèmes comparables aux pantun, les kelung, et surtout d'extraordinaires épopées en vers dont l'une au moins, celle qui chante les exploits du héros La Galigo, se trouve être plus longue que L'Odyssée.
Quant aux littératures orales, seuls quelques missionnaires et ethnologues en ont jusqu'à présent pressenti l'intérêt : mythes cosmogoniques (recueillis en pays Toraja, au centre de Célèbes, par N. A. Adriani et A. C. Kruijt, ou encore à Flores, par E. M. Arndt), ou longues épopées en vers récitées dans les grandes occasions, avec accompagnement musical, comme en pays Sunda (Java ouest).
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Denys LOMBARD : directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales
Classification
Autres références
-
ANANTA TOER PRAMOEDYA (1925-2006)
- Écrit par Etienne NAVEAU
- 847 mots
Romancier, essayiste et biographe, auteur d'une œuvre largement diffusée et traduite, Pramoedya Ananta Toer (dit Pram) est sans conteste la figure la plus marquante de la littérature indonésienne du xxe siècle. Né en 1925 à Blora, ville située sur la côte nord de Java, Pram prit part...
-
BOUGI ou BUGI
- Écrit par Yvan BARBÉ
- 460 mots
Population numériquement la plus importante de la péninsule septentrionale de Célèbes (Sulawesi) en Indonésie, les Bougi étaient environ 3,5 millions dans les années 1990. Cette ethnie fut, avec les Makassar, parmi les premières populations malaises à se convertir au bouddhisme et à faire leurs...
-
ÉPOPÉE
- Écrit par Emmanuèle BAUMGARTNER , Maria COUROUCLI , Jocelyne FERNANDEZ , Pierre-Sylvain FILLIOZAT , Altan GOKALP , Roberte Nicole HAMAYON , François MACÉ , Nicole REVEL et Christiane SEYDOU
- 11 781 mots
- 7 médias
...Kampuchéa. Au xe siècle, on connaît une version en kawi d'un des livres de cette épopée : Bishmaparvan. Il y a d'autres versions attestées au Siam et en vieuxmalais ainsi qu'en Birmanie et au Tibet. De nombreuses compositions littéraires et des épisodes entiers en sont dérivés. -
INDONÉSIE - Histoire
- Écrit par Denys LOMBARD
- 10 658 mots
- 7 médias
...Dans ces ports nouvellement créés, où confluaient les nationalités les plus diverses, la nécessité d'une langue d'échanges se fit bientôt sentir ; le malais put de ce fait acquérir la place prépondérante qui est la sienne à présent. Dans les creusets linguistiques que formaient tous ces carrefours commerciaux,... - Afficher les 7 références