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ARNOLD MALCOLM (1921-2006)

Au même titre que Bernard Herrmann, Nino Rota ou Ennio Morricone, le Britannique Malcolm Arnold s'inscrit dans la lignée des grands compositeurs de musique de film qui n'ont jamais dédaigné le répertoire de concert. La partition qu'il a écrite pour le film de David Lean Le Pont de la rivière Kwaï lui a valu notoriété et fortune.

Malcolm Henry Arnold naît à Northampton (Northampshire) le 21 octobre 1921. Il a la chance de pouvoir étudier la trompette dès l'âge de douze ans. Louis Armstrong le fascine et il obtient une bourse pour le Royal College of Music de Londres où, en dehors de la trompette qu'il travaille avec Ernest Hall, il reçoit une formation de compositeur (avec Gordon Jacob) et de chef d'orchestre. Il est engagé comme deuxième trompette solo de l'Orchestre philharmonique de Londres (1942-1944), dont il deviendra trompette solo (1946-1948). Mais la composition l'attire.

Développant un style qui va à l'encontre des courants novateurs postwéberniens, son sens de la mélodie et des couleurs brillantes lui attire d'emblée un public nombreux, d'autant qu'il puise abondamment dans le répertoire des chansons traditionnelles anglaises. Le cinéma offre à de telles qualités un terrain de choix. Arnold signera 132 partitions pour le grand écran, dominées par celle du Pont de la rivière Kwaï (où il reprend la fameuse Marche du Colonel Bogey composée par Kenneth J. Alford en 1913), qui fait de lui le premier compositeur britannique couronné aux oscars d'Hollywood, en 1958. Sa rapidité d'écriture est étonnante – dix jours dans le cas de cette dernière partition –, et il compose directement pour l'orchestre, sans passer par l'état préalable d'une esquisse pianistique. Parallèlement, il développe pour le concert et la scène lyrique ou chorégraphique un répertoire qui n'est pas négligeable, même s'il paraît éclipsé par les réussites cinématographiques : neuf symphonies, une vingtaine de concertos, dix ouvertures (non suivies d'opéras), quatre ouvrages lyriques (The Dancing Master, d'après William Wycherley, 1952 ; The Open Window, d'après Saki, créé à la télévision en 1956 ; Song of Simeon, « nativity masque » sur des textes de Christopher Hassal, 1959 ; The Turtle Drum, un spectacle pour enfants, 1967), des ballets, de la musique de chambre...

L'originalité est l'une des qualités premières de Malcolm Arnold : ses concertos sont souvent destinés à des instruments peu sollicités ou à des formations originales (pour piano à quatre mains, 1951 ; pour harmonica, à l'intention de Larry Adler, 1954 ; pour deux violons, commande de Yehudi Menuhin, 1962 ; pour deux pianos à trois mains, 1969), sans oublier les cuivres, qu'il affectionne (deux concertos pour cor – 1945 et 1956, ce dernier dédié à Dennis Brain – et un pour trompette, 1982) ; en 1957, il signe une Toy Symphony (« Symphonie des jouets ») pour douze instruments-jouets, piano et quatuor à cordes. Gerard Hoffnung, le fondateur des fameux concerts humoristiques, lui commande l'un de ses grands succès, A Grand, Grand Overture, pour trois aspirateurs, une cireuse, quatre fusils et orchestre (1956). Pour le cinéma, aucune de ses autres œuvres n'a atteint la réussite du Pont de la rivière Kwaï, mais on peut retenir L'Auberge du sixième bonheur de Mark Robson (1958) et Les Racines du ciel de John Huston (1958).

Si sa carrière est couronnée de succès, sa vie privée accumule les échecs : deux mariages rompus, une santé détériorée par l'alcool et la drogue, plusieurs scandales et tentatives de suicide conduisant à des demandes de mise sous tutelle... Au milieu des années 1980, les médecins ne lui donnent plus que quelques mois à vivre. Mais il reprend le dessus grâce à son fidèle compagnon et secrétaire, Anthony Day.[...]

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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