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MORLEY MALCOLM (1931-2018)

Malcolm Morley - crédits : Sonia Moskowitz/ Getty Images

Malcolm Morley

C’est durant les années 1960 que se fixent les grandes lignes de l’œuvre de Malcolm Morley (né le 7 juin 1931, à Highgate, Angleterre, mort le 2 juin 2018 à Long Island, État de New York), tant dans le choix des sujets – batailles navales, marines, vues d’océan, plages, croisières, vacances – que dans le traitement pictural : le recours au procédé de la grille pour « mettre au carreau » l’image à reproduire. Sa production – aquarelles, peintures et sculptures – fait preuve d’une extraordinaire constance des thèmes et des traitements, ce qui est d’une singularité confinant à la marginalité, si l’on examine l’ensemble des projets esthétiques mis en œuvre depuis les années 1960.

Après des études à la Camberwell School of Arts and Crafts et au Royal College of Arts de Londres, Malcolm Morley part pour les États-Unis. Il s’établit à New York en 1958. Après une courte période influencée par l’expressionnisme abstrait, il commence à peindre ses premiers paysages et ses premières marines qui lui vaudront d’apparaître comme un des principaux tenants de la peinture hyperréaliste.

Le travail de Malcolm Morley se définit selon deux axes principaux que l’on pourrait appeler – d’un strict point de vue technique et sans aucun jeu de mots – la « copie de la reproduction de la réalité » et la « reproduction de la copie de la réalité ». En effet, pendant une période Morley copiera fidèlement la réalité, non pas directement mais d’après des reproductions photographiques, dépliants d’agences de voyages ou cartes postales. Puis il réalisera des aquarelles d’après ces images types du bien-être et du loisir, qui seront à leur tour considérées comme le « sujet » à reproduire sur la toile. Pour parvenir à un certain effet de réalisme dans les relations entre le modèle et sa copie, Morley utilise une grille qu’il reporte sur la feuille de papier ou sur la toile afin de suivre scrupuleusement l’image qu’il a choisi de copier ou de reproduire, en peignant chaque carré l’un après l’autre, souvent en faisant pivoter la toile sur le côté ou en la renversant complètement pour ne pas être tenté d’y apporter son interprétation picturale. Quel n’est pas l’étonnement du spectateur lorsque, en voyant ces toiles pleines de lyrisme, de coups de pinceau virtuoses, de vivacité, de spontanéité, et qui ne sont pourtant que les copies exactes des aquarelles (faites elles-mêmes d’après des cartes postales), il apprend qu’elles ont été minutieusement composées carré par carré pendant de longs mois. Cette mise au carreau permet à Morley de retracer le plus objectivement possible les formes, les lumières et les couleurs de l’objet d’origine et de mettre ainsi en abyme le système visuel qui, n’ayant plus de point de référence original, se reproduit et se copie lui-même. Le spectateur ne peut alors se fier qu’aux reproductions ou aux copies, qui se substituent au monde réel dans la mesure où la réalité se réduit désormais à ce qui a été créé par le peintre. Parfois, Morley copie directement des objets – des maquettes d’avions qu’il construit lui-même ou des soldats de plomb qu’il peut intégrer à certaines de ses toiles –, mais là encore, ces objets ne sont que la copie plus ou moins fidèle d’une réalité existante.

À la fois autoréférentielle et réaliste – puisqu’elle ne présente que la seule cohérence de ses jeux et structures tout en représentant des scènes du quotidien – l’œuvre de Malcolm Morley tente de préciser à partir de quel moment nous passons dans la fiction de l’art, et en quoi cette fiction peut devenir une autre réalité non moins riche de sens. Mais c’est en se présentant comme illusion visuelle que la fiction acquiert une réalité qui dépasse la simple apparence d’une apparence.

Jean-Claude Lebensztejn a consacré un essai à cette[...]

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Écrit par

  • : professeur en esthétique à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne, critique d'art

Classification

Média

Malcolm Morley - crédits : Sonia Moskowitz/ Getty Images

Malcolm Morley

Autres références

  • MALCOLM MORLEY. ITINÉRAIRES (J.-C. Lebensztejn)

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