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MALCOLM X MALCOLM LITTLE dit (1925-1965)

Malcolm X et Nation of Islam

Après sa sortie de prison, Malcolm X intègre la direction de Nation of Islam à l'heure de son apogée. Il rencontre Elijah Muhammad au siège de Chicago en 1952 et commence à mettre sur pied des temples à New York, Philadelphie et Boston ainsi que dans des villes du Sud. Il crée le journal de Nation of Islam, Muhammad Speaks, qu'il imprime dans son garage, et oblige tous les hommes membres à vendre un nombre donné de journaux dans la rue afin de recruter de nouveaux adhérents et de récolter des fonds. Il crée également la doctrine raciale du mouvement sur la cruauté intrinsèque des Blancs et la supériorité naturelle des Noirs.

Malcolm devient bientôt pasteur du temple numéro 11 de Boston, qu'il a lui-même fondé. Il recevra par la suite la charge de pasteur du temple numéro 7 de Harlem, le plus grand et le plus prestigieux des temples du mouvement, après celui de Chicago. Conscient de son talent et de ses compétences, Elijah Muhammad, qui apprécie particulièrement Malcolm X, en fait son bras droit en le nommant représentant national de Nation of Islam. Sous la direction de Malcolm, le mouvement atteint 500 000 membres. Si ce nombre fluctue, l'influence de l'organisation dépassera toujours le nombre officiellement reconnu de ses membres.

Orateur de talent et organisateur infatigable, doté d'une personnalité charismatique, Malcolm X exprime la colère contenue, la frustration et l'amertume des Noirs américains pendant la principale phase du Mouvement pour les droits civiques, de 1955 à 1965. Il prêche dans les rues de Harlem et donne des conférences dans les plus grandes universités, telles Harvard et Oxford. Son intelligence vive, son esprit incisif et son radicalisme ardent en font un formidable critique de la société américaine. Il est également virulent envers le Mouvement pour les droits civiques et dénonce les principes d'intégration et de non-violence défendus par Martin Luther King. À ses yeux, il ne suffit pas de lutter pour la suppression de la ségrégation et la reconnaissance effective du droit de vote, l'enjeu essentiel est dans l'identité, l'intégrité et l'indépendance des Noirs. Contrairement à King, qui avait choisi une stratégie de non-violence, de désobéissance civile et de souffrance rédemptrice, Malcolm X incita ses partisans à se défendre « par tous les moyens nécessaires ». Sa critique acerbe de la place du « soi-disant Nègre » dans la société américaine constitue le socle intellectuel du mouvement Black Power et de la prise de conscience noire aux États-Unis, de la fin des années 1960 aux années 1970. Sous l'influence de Nation of Islam, les expressions « Nègre » et « gens de couleur » vont progressivement être abandonnées aux au profit de « Noir » et d'« Afro-Américain ».

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Écrit par

  • : professeur de religion et d'études africaines au Vassar College, Poughkeepsie, New York
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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Média

Malcolm X, 1963 - crédits : Bettmann/ Getty Images

Malcolm X, 1963

Autres références

  • BLACK POWER

    • Écrit par
    • 787 mots
    • 2 médias

    C'est en 1966 que Stokely Carmichael, président du SNCC (Student Non-Violent Coordinating Committee), diffuse l'expression de Black Power ou pouvoir noir. Il n'est plus possible en effet d'attendre qu'on applique les lois, ni de se contenter de la promotion de quelques Noirs au sein...

  • LEE HELTON JACKSON dit SPIKE (1957- )

    • Écrit par
    • 3 250 mots
    ...film d'approfondissement thématique et non de rupture : les divers éléments présents dans les premiers travaux du cinéaste s'y retrouvent dialectisés. Dès la fin des années 1960, Hollywood veut adapter à l'écran l'autobiographie de Malcolm X, parue en 1966. Spike Lee bataille des années afin d'hériter...