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MALINKÉ

Au nombre d'environ 6,2 millions dans les années 2000, les Malinké sont localisés dans l'est du Mali (77 000), mais on les trouve également, mêlés à d'autres populations, au Sénégal (440 000), en Gambie (590 000), en Guinée (2 800 000), en Guinée-Bissau (140 000), dans le nord de la Côte-d'Ivoire (1 500 000) et au Burkina Faso. Certains groupes dioula, spécialisés dans les activités commerciales, leur sont étroitement apparentés.

Comme la plupart des Mandé, les Malinké sont surtout des agriculteurs ; le mil, le sorgho, le maïs et le riz constituent l'élément essentiel de leur subsistance. Le terroir villageois présente souvent un aspect caractéristique « en auréole ». Trois zones concentriques s'y succèdent : au centre, des jardins, intérieurs au village, enrichis par les déchets domestiques et où l'on cultive en particulier le maïs, céréale de soudure ; puis des champs permanents, tout autour du village ; plus loin, des champs de brousse, cultivés en rotation, sur brûlis ; les bas-fonds, enfin, sont aménagés en rizières. Dans certains villages, le « maître de la terre » répartit les parcelles entre les familles et accomplit les rites de fertilité du sol : l'institution, qui n'est pas propre aux Malinké, n'est pas chez eux systématiquement présente. La répartition sexuelle des tâches agricoles est très stricte : la culture du riz, par exemple, constitue un domaine exclusivement féminin ; par contre, les cultures commerciales, en particulier l'arachide, sont effectuées par les hommes. L'élevage du bétail constitue une activité annexe dont l'importance est plus sociale qu'économique.

La famille étendue patrilinéaire constitue l'unité sociale de base. La filiation, l'héritage et la succession se font en ligne paternelle. Le mariage s'accompagne du versement d'une importante compensation matrimoniale en bétail (autrefois en esclaves et en cauris) et de travaux effectués pour le compte de la famille de l'épouse. La polygynie est pratiquée, et le mariage avec la cousine croisée matrilatérale constitue une union préférentielle. Le divorce et le répudiement sont rares. Dans l'ensemble, le statut de la femme est peu élevé. La société malinké traditionnelle est fortement stratifiée : elle présente une hiérarchie complexe de clans, de castes et de classes. Les membres des clans aristocratiques restent attachés au souvenir de leur passé glorieux ; ils possédaient autrefois des esclaves, dont les descendants conservent un statut d'infériorité relative. L'organisation sociale laisse cependant s'exprimer des tendances plus égalitaires, à travers la relative démocratie des conseils d'ancien villageois.

Les Malinké sont pour la plupart islamisés ; l'imām dispense un enseignement coranique et joue un rôle d'arbitre dans le village.

— Roger MEUNIER

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Écrit par

  • : chargé de cours à l'université de Paris-VIII, assistant de recherche à l'École pratique des hautes études

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