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MALKOM KHĀN (1833-1908)

Contemporain de Djamāloddin Asadābādi « al-Afghāni », Mirzā Malkom Khān Nāzemoddowlè jouit d'une très grande réputation en Iran comme théoricien et inspirateur du mouvement constitutionnel. Né dans une famille arménienne de Djolfā (Ispahan), il est envoyé très tôt étudier à Paris (1843-1851) par son père Mirzā Ya'qub, converti à l'islam. Bien que professant aussi l'islam, Malkom Khān conservera toute sa vie son nom arménien chrétien. De retour en Iran, il est appointé comme interprète et professeur au Dār al-fonun (« maison des Arts ») récemment créé par Amir Kabir. Alors qu'il est devenu interprète personnel de Nāseroddin Shāh, les circonstances de la rupture des relations diplomatiques et du conflit avec la Grande-Bretagne (1855-1857) décident de la première phase de sa carrière de diplomate (interprète à Istanbul, délégué à la Conférence de Paris en 1857).

Revenu en Iran, il écrit un Livre de réformes pour le chef du premier cabinet ministériel persan et fonde une loge pseudo-maçonnique, la Farāmush-khānè (« maison de l'Oubli »), en 1858. D'autres compositions, dans lesquelles il prône les valeurs de la civilisation européenne (et leur compatibilité avec les principes de l'islam), et ses activités politiques entraînent son exil à Bagdad (fin 1861). Ensuite, il devient « conseiller » de Mirzā Hoseyn Khān « Sepahsālār » lorsque celui-ci est ambassadeur à Istanbul (1863-1871), puis grand vizir à Téhéran (1871-1873). Nommé ministre plénipotentiaire à Londres (1873), ses services au Congrès de Berlin (1878) lui valent d'être promu ambassadeur de Perse en Grande-Bretagne (1878-1888). Disgracié par Nāseroddin Shāh après l'affaire de la concession d'une loterie, il entre dans l'opposition et fonde son journal pamphlétaire Qānun (1889) auquel collabore al-Afghāni. Distribué clandestinement, ce journal encouragea les opposants iraniens à exiger des réformes. Il cessa de paraître lorsque Malkom fut nommé ambassadeur à Rome par Mozaffaroddin Shāh ; il occupa ce poste de 1899 à sa mort (au cours d'un voyage à Lausanne, en juillet 1908).

Malgré l'influence indéniable qu'il exerça sur le mouvement constitutionnel, beaucoup de points de sa biographie demeurent obscurs. Ses partisans les plus enthousiastes « effacent » les aspects discutables de sa carrière ; d'autres mettent l'accent sur son charlatanisme, son avidité au gain, sa fausseté et ses services rendus aux intérêts britanniques. Ses relations avec certains opposants (notamment les bābi) sont peu claires. Alors qu'il a tant prôné les réformes, son rôle dans la phase active de la révolution constitutionnelle fut très effacé (la plupart de ses écrits furent néanmoins publiés et distribués lors des événements révolutionnaires). Bien que l'on ait peut-être exagéré la valeur littéraire de ses compositions, il semble que son style simple, bien que parfois déclamatoire, ait eu une influence sur le renouveau de la prose persane. Avec Ākhund-zādè, il proposa une réforme de l'alphabet arabe et, à l'instar de cet écrivain azerbaïdjanais, il aurait composé des comédies, ou du moins des scènes dialoguées, car la paternité de trois comédies lui est fortement contestée.

— Jean CALMARD

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Écrit par

  • : chargé de recherche au C.N.R.S., chargé de conférences à l'École pratique des hautes études (IVe section)

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