Petit archipel situé au centre de la Méditerranée , à 80 kilomètres au sud de la Sicile, habité depuis sept mille ans par un peuple à la culture originale précocement acquis à la chrétienté latine et s'exprimant dans une langue arabe porteuse de traditions maghrébines, Malte est membre de l'Union européenne depuis 2004, a l’euro pour monnaie depuis 2008, et a toujours servi de pont vers l'Afrique et de relais dans la transmission des techniques et des croyances de l'Est vers l'Ouest. Longtemps forteresse de la chrétienté contre les Turcs, elle fut aussi, de 1940 à 1942, un point clé du monde libre quand il fallut préserver les accès maritimes et continentaux vers Suez, le golfe Persique et les Indes contre les assauts de l'Allemagne nazie. Ancienne colonie britannique (depuis 1814) devenue indépendante en 1964, Malte avait abrité à partir de 1530 les couvents qui servaient de siège central à l'ordre militaire religieux des chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem ; cela en fit la capitale du réseau international de six cents commanderies réparties dans toute la chrétienté latine dont les revenus entretenaient ses dirigeants et leurs palais. Points d'appui de la course à laquelle se livrèrent ensuite les « chevaliers de Malte » pour perpétuer la croisade, ses excellents ports servirent d'escales techniques pour les échanges transméditerranéens à partir du xviii^e siècle, puis de base et d'entrepôt sur une route maritime majeure de l'empire britannique à partir du xix^e siècle ; l'activité de l'aéroport relaie aujourd'hui ces fonctions et dessert tant les industries qui se sont substituées aux activités d'arsenal que les installations touristiques qui ont été multipliées depuis le dernier tiers du xx^e siècle grâce à l'attrait du climat et de spectaculaires monuments et constructions.

Géographie

Par 35⁰ 55' nord et 14⁰ 30' est, l'archipel maltais s'étend sur 45 kilomètres du nord-ouest au sud-est, à mi-chemin entre le Levant et Gibraltar, dans une position dont l'intérêt stratégique fut longtemps apprécié. Sec, lumineux, venté, cet ensemble, très fleuri en hiver mais dépourvu de végétation arborée du fait des défrichements, est formé, entre Sicile au nord et Tunisie à l'ouest, de trois petites îles habitées : Malte, Gozo et Comino de 346, 67 et 3 kilomètres carrésrespectivement, et de deux rochers déserts : Cominotto et Filfla ; ce sont les fragments émergés, morcelés du fait de la tectonique et de l'érosion, d'un plateau dissymétrique plus élevé au sud-ouest (253 m) qu'au nord-est. En surface, les assises calcaires d'âge tertiaire de ce plateau présentent des formes de causses et sont localement encombrées par des amas dunaires ou d'étroites nappes alluviales ; ces calcaires ont été exploités du Néolithique au xxi^e siècle pour l'habitat et les monuments ; leur base contient des aquifères discontinus très proches du niveau de la mer, dont les habitants tirent toujours parti par des puits et des aqueducs.

Vingt fois plus importante qu'en 1530, la population de Malte, imprégnée d'héritages maghrébins et siciliens, atteint 416 000 habitants en 2011 et reste durablement marquée par la présence britannique ; urbanisation, enseignement et ouverture sur le monde ont fait que l'usage de l'anglais l'a emporté au xx^e siècle sur l'italien, mais l'arabe malti est langue nationale (et langue officielle avec l'anglais). La densité moyenne de population, 1 250 habitants au kilomètre carré, est trois fois supérieure dans le périmètre d'une dizaine de kilomètres de rayon occupé par l'agglomération de la capitale, La Valette, qui concentre la moitié des résidents de l'archipel. L'émigration est devenue négligeable à partir des années 1980 après avoir mobilisé pendant des générations, du fait de la croissance de la population et des insuffisances de l'agriculture, des effectifs considérables de jeunes gens que la misère chassa d'abord vers le Maghreb, plus tard vers le Commonwealth. Elle est compensée depuis 1975 par des retours. Bien que réduits après 1950, les taux de natalité et de mortalité entretiennent encore une légère croissance naturelle. La pression démographique exercée sur les ressources locales est donc vive.

L'eau manque. La pluie apporte irrégulièrement une moyenne de 550 millimètres par an, dont moins de 8 p. 100 entre mi-avril et fin septembre. De ce fait, sous un climat où l'évaporation est forte et où les températures maximales moyennes dépassent chaque jour 20 ⁰C durant sept mois, l'agriculture n'occupe que 12 000 hectares, les agriculteurs sont rares, leur production (céréales et fourrages de plein champ, vignoble résiduel, fruits et légumes sous serres) couvre moins de 20 % des besoins, et l'approvisionnement de la population et des touristes (plus de 2 millions par an) repose surtout sur des importations et sur plusieurs usines de dessalement d'eau de mer. Le potentiel éolien et solaire étant peu utilisé, toute l'énergie électrique mise à disposition des habitants, de leurs visiteurs et des entreprises repose sur l'importation de gaz et de produits pétroliers raffinés.

La mer est la principale richesse naturelle. Mais les salines, la pêche et la piraterie avaient peu d'importance avant que l'installation des chevaliers de Saint-Jean ne donne plus de valeur aux mouillages accessibles sur les côtes nord et est et, surtout, au très bel ensemble de ports naturels où ils installèrent leur base, Birgu puis La Valette, provoquant le déclin du vieux chef-lieu paysan de l'intérieur, à Mdina et Rabat. Les missions de police maritime confiées à l'ordre de Malte, sa participation à tous les affrontements navals de son temps ainsi que la course et les pillages au détriment des infidèles firent de l'île, aux xvii^e et xviii^e siècles, le foyer d'un brigandage maritime prospère et cosmopolite et fondèrent une tradition perpétuée désormais par les activités d'armement maritime dont témoignent les longues listes de navires immatriculés sous pavillon maltais.

Après 1815, colonisation britannique, navigation à vapeur et ouverture du canal de Suez accrurent les rôles techniques et commerciaux des escales de Malte, qui devint une base maritime et aérienne très utilisée par les escadres impériales. Depuis l'indépendance (1964), diversification industrielle et croissance rapide du tourisme ont beaucoup ajouté à ces fonctions de relations et d'échanges, confirmant l'inscription de l'archipel, très replié sur lui-même voilà cinq siècles, dans un système économique de plus en plus extraverti.