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MALTE

Nom officiel République de Malte
Chef de l'État Myriam Spiteri Debono - depuis le 4 avril 2024
Chef du gouvernement Robert Abela - depuis le 13 janvier 2020
Capitale La Valette
Langue officielle Maltais , Anglais
Population 552 747 habitants (2023)
    Superficie 320 km²

      Article modifié le

      La république de Malte

      Après la victoire du Parti travailliste aux élections de 1971, Malte devint une république en 1974, tout en demeurant dans le Commonwealth ; le gouverneur, qui représentait jusque-là le souverain britannique, fut remplacé par un président élu et les dernières troupes britanniques évacuées des bases aériennes et navales de l'archipel en 1979 ; cependant, la diplomatie maltaise cherchait un rapprochement avec le Mouvement des pays non alignés et avec les Soviétiques. L'aide économique occidentale, réduite à la suite de ces orientations qui paraissaient inquiétantes, fut mal remplacée par celle de la Libye, qui avait besoin d'utiliser les facilités portuaires et aéroportuaires maltaises pour conserver une fenêtre ouverte sur le monde, mais prétendait aussi étendre ses droits sur le plateau continental proche de l'archipel ; il reste de cet épisode une mosquée bâtie au début des années 1980. La crise de la réparation navale, alors la seule industrie dans la rade de La Valette à avoir succédé aux activités des arsenaux britanniques, facilita, en 1987, le succès électoral des conservateurs du Parti nationaliste : ils continuèrent à promouvoir Malte comme relais entre les deux blocs mondiaux et les deux rives de la Méditerranée, ce qui répondait bien aux ambitions des négociants et des transitaires locaux ; ils contribuèrent aux activités d'une université itinérante euro-arabe qui élargissaient l'influence de l'université de Malte et de ses centres de recherche ; ils accueillirent, en 1989, en rade de Marsaxlokk, la première entrevue de George Bush et Mikhaïl Gorbatchev et, en 1990, une visite officielle du pape ; mais ils demandèrent, en juillet 1990, à rejoindre la Communauté puis, en 1999, l'Union européenne. Les travaillistes, quant à eux, refusaient toujours de voir dans l'association ou l'adhésion à l'Europe communautaire un objectif prioritaire. L'opinion pro-européenne l'emporta au référendum sur l'adhésion, en mars 2003, avec 53,65 % des voix et les conservateurs furent confirmés aux législatives d'avril 2003 ; ces deux scrutins paraissent indiquer que la nation maltaise est, au-delà du clivage bipolaire de son système politique et parlementaire, sortie des longs débats engagés depuis la fin de la Première Guerre mondiale en vue de sa décolonisation et qu'elle a fixé son avenir. Malte fait donc partie de l'Union depuis mai 2004 : elle continue de vouloir y valoriser son expérience dans les rôles d'avant-poste face au Maghreb, d'escale en Méditerranée et de pôle de transactions dans le monde entier, notamment en matière d'affrètements, tandis qu'on s'emploie, à force d'investissements d'origine extérieure, à y maximiser, grâce à l'ensoleillement et à l'efficacité de sa main-d'œuvre, ses avantages sur le marché du tourisme.

      Dans les années 1970, pour lutter contre le chômage, Malte a d'abord fixé dans plusieurs zones industrielles du pourtour de La Valette, souvent sur d'anciens terrains de l'armée britannique, quantité d'industries légères et mobiles (textile, chimie, électricité) attirées par la proximité des marchés d'Europe du Sud et du Maghreb et par le bas coût d'une main-d'œuvre abondante et compétente. Puis, pour tirer parti de l'utilisation de la Méditerranée par différents types de transports maritimes, les Maltais ont reconverti et développé, dans les zones portuaires, les équipements lourds hérités de la période coloniale : chantiers de construction, de radoub et de réparation navale, nettoyage de citerniers, entretien de plates-formes pétrolières ; ils ont agrandi l'aéroport de Luqa pour desservir leurs clientèles touristiques et servir de point d'échanges entre routes et compagnies aériennes ; ils ont aussi créé de larges zones, vite devenues très actives, pour trier et réexpédier des conteneurs maritimes, notamment au port franc de Marsaxlokk. La récupération de quais et de cales dans la Grande Rade de la Valette pour le tournage de films d'aventures en mer a fixé quantité d'emplois d'artisans et de techniciens. Depuis 1980, l'extension d'une trentaine de grosses implantations touristiques pour attirer, hiver comme été, la clientèle européenne et notamment britannique a introduit dans l'archipel de nouvelles dimensions architecturales : barres et blocs d'immeubles de béton armé très différents des constructions basses en pierre locale de la période baroque et de l'époque coloniale. Ces installations de loisir souvent très denses ont, par ailleurs, beaucoup augmenté la part des services dans les activités de la population et élargi l'urbanisation selon une bande presque continue de Zejtun, au sud-est, à Gozo, au nord-ouest, de part et d'autre du noyau de l'agglomération de La Valette dont l'importance relative décline de ce fait. Cette affectation croissante de l'espace maltais au tourisme entretient la dépendance de l'île vis-à-vis de l'extérieur, aggrave ses déséquilibres intérieurs – notamment en réclamant beaucoup d'eau et en décourageant l'agriculture – et pèse de plus en plus sur tous les milieux et les paysages de l'île.

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      L'île de Gozo, restée plus terrienne, plus rurale, moins urbanisée, longtemps moins pénétrée par les flux touristiques, conserve dans ses paysages et dans son organisation spatiale l'image de ce que fut Malte autrefois : des campagnes entretenues malgré la sécheresse, des terroirs répartis entre quelques gros villages, les casals, dont chacun était dominé par ses églises et tous par la bourgade centrale, Victoria, chef-lieu et centre de services servant de relais à La Valette ; les hameaux du rivage, que les installations touristiques commencent à déborder, servaient à quelques pêcheurs et aux relations avec Malte.

      À Malte même, les évolutions récentes vont dans le sens de différenciations spatiales plus accusées. Dans le Nord-Ouest, partie la moins peuplée et la plus élevée de l'île, avec l'escarpement qui porte le gros bourg de Mdina, qui fut son centre et le siège de l'évêché initial et que flanque le faubourg de Rabat, quelques étroits compartiments intensément cultivés restent en activité ; mais c'est entre des friches très étendues depuis le dernier tiers du xxe siècle, où l'on relève les traces d'activités agricoles naguère confrontées aux difficultés d'une nature austère et malcommode. Partout ailleurs, à l'exception de la façade côtière de l'ouest, beaucoup trop escarpée pour être jamais habitée, densification et banalisation des espaces bâtis progressent, compliquant les trafics routiers, entre les enclaves agricoles, les zones vouées aux industries et aux entrepôts qui les abritent, et les emprises touristiques ; la rapidité des évolutions se fait souvent là si vive que l'un des objectifs des habitants et de leurs administrations est désormais de tenter de préserver l'avenir de l'île et de ses rivages par des opérations de réhabilitation et de restructuration des paysages et de leurs milieux. Dans ce cadre, la cité de La Valette et les vieux noyaux urbains du centre de l'agglomération-capitale forment un ensemble monumental dont personne ne discute la valeur patrimoniale.

      — Pierre-Yves PÉCHOUX

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      Écrit par

      • : doyen de la faculté des lettres et sciences humaines de Toulouse
      • : directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales, professeur au Collège de France
      • : professeur émérite d'histoire à l'université de Provence
      • : maître assistant à l'université de Toulouse-Le-Mirail, expert de l'Organisation des Nations unies à Chypre
      • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

      Classification

      Médias

      Malte : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

      Malte : carte physique

      Malte : drapeau - crédits : Encyclopædia Universalis France

      Malte : drapeau

      Temple mégalithique, Malte - crédits : G. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

      Temple mégalithique, Malte

      Autres références

      • MALTE, chronologie contemporaine

        • Écrit par Universalis
      • MINTOFF DOMINIC, dit DOM MINTOFF (1916-2012)

        • Écrit par
        • 525 mots

        Homme politique maltais, deux fois Premier ministre (1955-1958 et 1971-1984). Entré au Parti travailliste maltais en 1944, Dominique Mintoff devient député, puis ministre du Travail en 1947. Il démissionne du cabinet pour diriger le parti (1949) et devient une première fois Premier ministre en 1955....

      • NAPOLÉON Ier BONAPARTE (1769-1821) empereur des Français (1804-1814 et 1815)

        • Écrit par et
        • 8 337 mots
        • 18 médias
        ...expansion française en temps de paix et trouvait difficilement tolérable qu'un seul État contrôlât les côtes continentales de Gênes à Anvers. La question maltaise fut l'occasion de la rupture. Prétextant que les Français n'avaient pas encore évacué certains ports napolitains, les Britanniques refusèrent...
      • VALETTE LA

        • Écrit par
        • 382 mots
        • 2 médias

        L'agglomération, qui s'étend autour des ports naturels de la côte nord de Malte choisis en 1530 par les Hospitaliers de Saint-Jean pour abriter leur force navale, inclut depuis lors la capitale de l'île et regroupe, au début du xxie siècle, la moitié de sa population, soit près...

      Voir aussi