MALTHUSIANISME ET NÉO-MALTHUSIANISME
Le néo-malthusianisme moderne
Révolution sanitaire et liberté du couple
Avec la grande « révolution sanitaire » du xxe siècle, la diffusion des moyens d'hygiène paradoxalement accélérée par les guerres, l'atténuation des famines, de nombreux pays ont connu et connaissent une poussée démographique sans précédent. Le taux net de reproduction dans le Tiers Monde est très élevé : 2,20 contre 1,08 en France, malgré une forte reprise de la natalité en 1945 dans ce dernier pays. Cette explosion démographique menace gravement le développement économique des nations concernées en généralisant la misère. La loi de Malthus y trouve confirmation.
Dans les pays évolués politiquement et économiquement, le problème de surpopulation ne se pose que rarement (au Japon, par exemple, réduit à ses frontières insulaires après la dernière guerre). Des motifs divers sont alors à l'origine de thèses restrictives : liberté du couple et problème des enfants non désirés, épanouissement de la femme, réduction des avortements dangereux, crainte persistante du chômage.
Dans les deux cas (Tiers Monde, pays développés), et conformément à l'évolution théorique des idées retracées plus haut qui conduit les auteurs modernes aux notions de population optimale (cf. I. Ferenczi) ou de croissance optimale du peuplement, apparaît le souci d'adapter de véritables politiques de population aux exigences des pays à qui elles s'adressent.
Pays souffrant de surpopulation
Les pays qui souffrent de surpopulation sont surtout les pays sous-développés d'Asie du Sud-Est, d'Afrique, d'Amérique centrale et latine. Dans ces régions, il convient d'abord de rejeter comme irréalistes, insuffisantes ou encore cyniques les solutions relatives à la révolution alimentaire par la chimie, à la distribution d'hypothétiques « surplus », à l'arrêt volontaire du progrès médical. Le grand dilemme est celui de la démographie (la prévention des naissances) et de l'économie (développer les pays retardés, accroître la fécondité des terres plutôt que diminuer celle des femmes). Le problème se complique du fait que la limitation des naissances est d'autant plus aisément praticable que le niveau économique et culturel est plus élevé. C. Vogt prévoyait la famine si la limitation n'était pas admise, car l'homme dévaste la terre (cf. certains tenants modernes de l'« environnement »). D'autres auteurs stigmatisent l'hypocrisie et l'égoïsme des néo-malthusiens ; J. de Castro pense que la misère engendre la misère en rendant les femmes plus fertiles (physiologisme hérité du xixe siècle) : une explication sociale du phénomène, du type « les gens aisés sont prévoyants », est sans doute plus juste. Doit-on commencer immédiatement la propagande contraceptive ou accroître l'aide économique ? Les Américains ont toujours estimé plus économique et même plus efficace la prévention. Il serait bon d'introduire des chiffres, notamment sur le coût d'« élevage » des enfants, le coût de la prévention elle-même. La diffusion des pilules contraceptives sera peut-être une bonne solution, économiquement et sociologiquement, si elle est complétée par des aides judicieuses. Le néo-malthusianisme a donné de meilleurs résultats au Japon, pays évolué, que dans les castes de l'Inde. La Chine, quant à elle, s'est engagée dans une politique autoritaire de restriction des naissances.
Pays non surpeuplés
Alfred Sauvy remarque que la prévention est liée à l'idée d'affranchissement ; les pays non surpeuplés veulent s'affranchir moins de la rareté des biens que de la tyrannie des riches (chômage), des hommes (féminisme) ou simplement de la nature qui associe plaisir et procréation. Entre les deux guerres mondiales, le chômage fait considérer plutôt favorablement la réduction[...]
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Écrit par
- Jean-François FAURE-SOULET : docteur ès sciences économiques, chargé de recherche au C.N.R.S.
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