MAMMIFÈRES PLACENTAIRES (ORIGINE DES)
La fin d'une controverse
Cette proposition veut mettre un point final à une longue controverse qui oppose, depuis les années 1990, les paléontologues à certains spécialistes de phylogénie moléculaire (appelés molécularistes). En appliquant les principes de l'horloge moléculaire, ces derniers ont développé l'idée que presque tous les ordres modernes des mammifères placentaires étaient déjà individualisés il y a au moins 100 millions d'années (Crétacé moyen), bien qu'on ne trouve aucun témoin fossile de ce surgissement précoce. Formulée en 1962 par Émile Zuckerkandl et Linus Pauling, la théorie de l'horloge moléculaire stipule que les mutations s'accumulent dans le génome à une vitesse proportionnelle au temps géologique. L'ADN mitochondrial (existant dans les mitochondries) accumule et mémorise les événements de spéciation et de dichotomie à l'origine de la naissance des lignées. Il devient dès lors possible de construire des arbres de relations et parenté entre les espèces actuelles en analysant la composition du génome. La théorie n'a pu être appliquée que lorsque, d'une part, les techniques d'extraction moléculaire ont fourni des échantillons représentatifs, et que, d'autre part, des algorithmes ont été mis au point pour traiter ces données. Les premiers résultats obtenus par cette méthode et concernant l'histoire des mammifères furent donc en totale contradiction avec le discours des paléontologues. Par exemple, pour ne citer que les travaux les plus remarqués, l'un d'eux, sans doute le plus cité de tous, remit en cause la monophylie (caractéristique d'un groupe de classification qui comprend un ancêtre commun et tous ses descendants) de l'ordre des rongeurs (D. Graur, W. A. Hide, Wen-Hsiung Li, « Is the guinea-pig a rodent ? », in Nature, vol. 351, pp. 649–652, 1991). Dans un autre, il fut proposé que la plupart des ordres modernes de mammifères étaient individualisés il y a au moins 100 millions années (S. B. Hedges et al., « Continental breakup and the ordinal diversification of birds and mammals », in Nature, vol. 381, pp. 226-229, 1996).
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Écrit par
- Jean-Louis HARTENBERGER : directeur de recherche émérite au CNRS
Classification
Médias