MAMMOUTH DE DURFORT

Un mammouth peut en cacher un autre

Le mammouth de Durfort tient une place à part dans l’histoire de la paléontologie car, lors de sa découverte, il constituait le premier squelette entier connu de son espèce, nommée mammouth méridional (Mammuthusmeridionalis).

Dans l’imagerie populaire, le mammouth constitue un archétype : c’est une créature massive, couverte d’une épaisse toison, qui parcourait les grandes steppes arides au cours des périodes glaciaires et que les hommes préhistoriques ont représentée à maintes reprises sur les parois des grottes ornées. Or, le mammouth méridional n’a pas grand-chose à voir avec cette représentation : plus élancé que le mammouth laineux archétypal (Mammuthusprimigenius), il s’agit d’un animal surtout forestier. La morphologie de ses dents indique un régime alimentaire plus généraliste que celui de son cousin laineux – fruits, feuilles, branchages et écorce constituant l’essentiel de sa nourriture. En fait, si ses défenses ne montraient pas déjà la forme hélicoïdale caractéristique des mammouths, on pourrait le confondre avec un éléphant moderne, dont il se distingue aussi néanmoins par sa taille. Avec près de 4 mètres à l’épaule, il dépasse même largement les mammouths laineux. On estime ainsi sa masse à une dizaine de tonnes.

Ce mammouth géant a constitué la première lignée des mammouths à s’épanouir en Eurasie. Si les tout premiers mammouths sont apparus en Afrique il y a environ 5 millions d’années (Ma) à la faveur de l’ouverture des savanes, cette branche de la famille des éléphants colonise le continent eurasien il y a 3,5 Ma, puis s’adapte à un environnement plus tempéré, largement dominé par les forêts décidues (dont les arbres sont à feuilles caduques). Le plus ancien mammouth méridional de France connu est âgé de plus de 2,2 Ma et a été découvert en 1968 sur le gisement de Chilhac en Haute-Loire. Le mammouth laineux n’apparaît lui que bien plus tard, il y a environ 800 000 ans, aux confins de la Sibérie.