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MANCHE

Géomorphologie

Les courants de marée sont responsables de la grossièreté des sédiments du fond : à part quelques petites vasières situées à faible profondeur dans des régions de faible courant, il n'existe au fond de la Manche que des sables, des graviers et des cailloutis, avec bon nombre d'affleurements de roche en place. Les vases, qui ne peuvent se maintenir au fond, sont rejetées vers le littoral, où les forts marnages ont favorisé la formation de vastes marais maritimes (Bas-Champs picards, marais de Dol). Le plus souvent, pourtant, la proximité de fonds assez importants a favorisé l'érosion sur les côtes, surtout celles dont la localisation est due à des failles ou à des flexures : les falaises normandes, les fausses falaises bretonnes et leurs homologues britanniques témoignent de la vigueur que conservent les houles jusqu'à la côte.

Le principal problème morphologique de la Manche est celui de ses fosses : alors qu'en dehors des régions prélittorales le plancher sous-marin est peu accidenté et en pente régulière vers l'ouest, il est profondément incisé, en Manche centrale et occidentale, par une série de « fosses » dont la plupart sont alignées le long de l'anticlinal médian. La fosse Centrale, ou Hurd Deep, est longue d'une centaine de kilomètres, large de trois à six kilomètres, encaissée localement d'une centaine de mètres. Entre elle et le Cotentin se trouvent deux autres petites fosses : la fosse du Pluteus semble un diverticule de la fosse Centrale, alors que la fosse de la Hague, très proche de ce cap, est arquée selon l'itinéraire des courants de marée. Ces derniers, comme pour la fosse d'Ouessant, située en mer Celtique, semblent maintenir l'excavation, et peut-être l'approfondir.

Les courants ne sont cependant pas responsables du creusement initial de ces fosses dans la roche en place, car celle-ci n'affleure qu'exceptionnellement dans les fosses. Les prospections sismiques ont montré, au contraire, que les diverses fosses existantes n'étaient que les segments restés creusés d'un système fluviatile complexe façonné lors des périodes de régression marine du Quaternaire. Les autres segments, obliques par rapport aux courants dominants, ont été colmatés depuis la dernière transgression, alors que les fosses conservées sont parallèles aux courants, et donc fortement balayées par eux.

Il semble que le même processus de creusement fluviatile lors des régressions, et de colmatage lors des transgressions, se soit produit plusieurs fois au cours du Quaternaire, de sorte que chaque fleuve a pu prendre, à chaque régression, un itinéraire différent, ce qui explique la complexité du plan actuel des vallées fossiles. Le colmatage s'est, à chaque fois, opéré avec des cailloutis libérés sur les interfluves par la cryoclastie, ou, dans certaines régions, avec des sables venus de la côte ou repris de formations tertiaires.

Les sables sont surtout abondants devant les côtes occidentales de la Grande-Bretagne, où le jusant les modèle en des rides qui annoncent déjà celles de la mer Celtique. Ils le sont aussi au débouché du pas de Calais, où de grands bancs allongés dans le sens du courant sont séparés par des chenaux surcreusés, à la sortie desquels les sables s'accumulent en barres de débouchés. Dans les régions à sables abondants, il ne reste rien dans la topographie du fond qui rappelle les fleuves quaternaires.

— Jean-Pierre PINOT

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Marée noire : le Torrey canyon, 1967 - crédits : Pathé

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