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MAṆḌALA

Méditation et offrande cosmique

Si le passage du microcosme au macrocosme peut être exécuté symboliquement par divers déplacements, il peut également s'effectuer par un acte mental : soit en présence d'un maṇḍala établi telle une sorte de maquette architecturale, soit devant un maṇḍala peint sur toile. Dans chacun de ces deux cas, les maṇḍala sont utilisés comme support de méditation par l'officiant qui, par l'effet de l'intense concentration de sa pensée, parvient à évoquer le cosmos donné et à l'animer. Ici encore, c'est à la divinité centrale que le fidèle tend à s'intégrer. Les maṇḍala peints sur toile sont connus grâce aux belles peintures exécutées par les Népalais, et surtout par les Tibétains passés maîtres en ce genre. Chefs-d'œuvre d'art « abstrait » (aux harmonies souvent éclatantes) pour les amateurs occidentaux, ils sont pourtant objets rituels et sacrés dont les moindres détails sont dictés à l'artiste par les textes canoniques. Il existe une grande variété de maṇḍala peints, dont l'ordonnance diffère selon les catégories, les sectes religieuses ou la divinité principale. Au Tibet, des éléments communs prédominent, ayant chacun une valeur symbolique déterminée. Le maṇḍala proprement dit est limité par trois ou quatre cercles concentriques : le cercle du feu (ou de la connaissance), le cercle des cimetières (ou du monde des sensations), le cercle des vajra (ou de la stabilité) et celui du lotus (ou du monde spirituel). À l'intérieur de ce dernier, plusieurs carrés concentriques figurent des enceintes successives. Chacune de leurs faces est percée en son milieu par un passage surmonté d'un portique en T. Au centre de ce diagramme, enfin, un lotus à huit pétales abrite en son cœur la divinité suprême.

En général, les divinités sont représentées par leur image. Cependant, pour certaines catégories de maṇḍala qu'utilisent surtout les sectes du bouddhisme ésotérique japonais, la présence des divinités est suggérée par des symboles conventionnels : par un attribut de la divinité pour le Samaya maṇḍala ; par une syllabe magique notée par un caractère ou un groupe de caractères alphabétiques (supposés contenir « en abrégé » l'essence de la divinité) pour le Bīja (semence) maṇḍala.

Le maṇḍala se prête encore à d'autres formes de rituel. L'un des plus répandus (issu de l'Inde) consiste en l'« offrande de l'Univers » à la divinité qui se voit, en effet, proposer par l'officiant l'ensemble des mondes cosmiques sous forme d'un maṇḍala-objet. Si ce dernier se présente le plus souvent simplifié, telle une petite pyramide (de pâte ou de riz) à étages circulaires, il existe, au Tibet, des spécimens sculptés en bronze doré, magnifiquement élaborés : sur un tambour cylindrique où sont gravées les ondes des océans se dresse, au centre, le mont Meru (axe du monde et demeure du grand dieu Indra) entouré aux quatre orients par les continents cosmiques que peuplent divinités et symboles divers sous forme de petites figurines.

Enfin, signalons qu'aux yeux de diverses sectes religieuses le maṇḍala implique un certain symbolisme sexuel que s'efforce d'analyser l'école psychanalytique de C. G. Jung.

— Odette J. MONOD

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Mandala, E. Haas - crédits : Ernst Haas/ Getty Images

Mandala, E. Haas

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