Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

WÖRNER MANFRED (1934-1994)

Le secrétaire général de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (O.T.A.N.), Manfred Wörner, est décédé le 13 août 1994 des suites d'un cancer. Très éprouvé par plusieurs opérations, il n'en est pas moins resté présent au sein de son organisation, jusque dans les derniers jours de sa vie, lorsque se discutaient les conditions d'intervention des troupes de l'O.T.A.N. en Bosnie. Il avait suivi de près le débat politique et constitutionnel allemand sur l'action de la Bundeswehr en dehors de la zone couverte par l'O.T.A.N. Il avait succédé au Britannique lord Carington en 1988 ; il sera remplacé par le ministre belge des Affaires étrangères, Willy Claes. Son mandat avait été prolongé jusqu'en 1996. Le gouvernement et le Parlement allemands lui ont rendu un hommage solennel, à Bonn, le 23 août.

Manfred Wörner est né le 24 septembre 1934 à Stuttgart, sa mère lui ayant donné le prénom du célèbre pilote de chasse de la Première Guerre mondiale, Manfred von Richthofen (1892-1918). Après des études juridiques aux universités de Heidelberg, Paris et Munich, couronnées par un doctorat en droit international et un titre d'avocat, il entre comme fonctionnaire au ministère de l'Intérieur du Bade-Wurtemberg, son Land natal. De 1962 à 1964, il est conseiller parlementaire auprès de la diète régionale, le Landtag.

Âgé de vingt ans en 1954, il ne fait pas de service militaire, car la nouvelle armée ouest-allemande, la Bundeswehr, n'est créée qu'à partir de 1955. Manfred Wörner tient cependant à suivre plus tard une formation de réserviste afin d'assouvir sa grande passion : le pilotage des avions de chasse. Officier de réserve, il était fier d'être l'un des rares Allemands à avoir piloté la quasi-totalité des différents types d'avions militaires fabriqués dans le monde.

Sa carrière politique commence en 1956 avec son adhésion à l'Union chrétienne-démocrate (C.D.U.) du chancelier Konrad Adenauer. En 1965, il est élu député de la circonscription de Göppingen (à proximité de Stuttgart), qui lui renouvelle sa confiance jusqu'en 1987, avec une forte avance sur son adversaire social-démocrate. Énergique et bon orateur, il se fait rapidement remarquer. En 1969, quand les chrétiens-démocrates passent pour la première fois dans l'opposition à Bonn, il est élu vice-président du groupe parlementaire C.D.U.-C.S.U. au Bundestag et porte-parole du groupe C.D.U. (sans les Bavarois). En 1972, lorsque le chef de l'opposition, Rainer Barzel, C.D.U., essaie de renverser le chancelier Willy Brandt, S.P.D. (Parti social-démocrate), et qu'il échoue à deux voix près, Manfred Wörner est pressenti comme futur ministre de la Défense. Élu président de la prestigieuse commission de la défense au Bundestag en 1976, il fait de nombreux voyages à l'étranger et devient un expert reconnu des questions de défense et de sécurité, très apprécié aux États-Unis. Sa bonne maîtrise du français lui permet d'entretenir de nombreux contacts à Paris.

Quand la C.D.U.-C.S.U., alliée aux libéraux, revient au pouvoir à Bonn, le 1er octobre 1982, le nouveau chancelier Helmut Kohl désigne tout naturellement Manfred Wörner comme ministre fédéral de la Défense ; ce dernier s'était préparé méthodiquement à cette tâche. L'Allemagne traversait une période agitée en raison de l'opposition des nombreux pacifistes à la double décision de l'O.T.A.N. En 1979, à l'initiative du chancelier Helmut Schmidt, l'Alliance atlantique avait décidé, tout en se disant prête à négocier l'équilibre nucléaire en Europe, de déployer de nouvelles fusées américaines en Europe de l'Ouest, et particulièrement en Allemagne fédérale, pour répondre aux nouvelles fusées soviétiques implantées à l'Est et surtout en R.D.A.[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

Classification