- 1. Les débuts du Cri qui tue
- 2. Une ouverture progressive à tous les publics
- 3. Rêves et cauchemars d'enfants
- 4. Fougue et atermoiements de l'adolescence
- 5. Le samouraï et l'employé de bureau
- 6. Romance et émancipation
- 7. Shōnen, shōjo, seinen et jōsei : une grille de lecture à nuancer
- 8. Rebelles et francs-tireurs
- 9. La lecture sur écran, incontournable au Japon
- 10. Une nouvelle littérature populaire
- 11. Retour vers le passé
- 12. Bibliographie
MANGA
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Rêves et cauchemars d'enfants
Plusieurs magazines de mangas visent les enfants dès six ans (kodomo manga), mais peu de séries destinées à cette classe d'âge ont été traduites en français. Deux d'entre elles semblent néanmoins délimiter le genre : Doraemon (2007, éd. or. 1974) et L'École emportée (2004 ; éd. or. Hyōryū Kyōshitsu, 1972).
La première, qui compte 45 volumes dans son édition reliée, est l'œuvre de Fujiko F. Fujio, un pseudonyme qui masque l'identité de Hiroshi Fujimoto (1933-1996) et Motoo Abiko (1934-2022), tous deux formés auprès de Tezuka. Doraemon est focalisé sur un écolier laid et peu doué pour les études, Nobita, auquel ses descendants décident de porter secours par l'intermédiaire d'une machine à remonter le temps. Pour améliorer ses perspectives d'avenir, ils placent auprès de lui un robot à l'apparence de gros chat : Doraemon. Celui-ci est doté d'un solide bon sens et d'une poche ventrale de laquelle il tire des objets aussi merveilleux qu'improbables – un carnet qui réalise les projets qu'on y consigne, par exemple –, desquels l'indécrottable Nobita fait systématiquement un usage calamiteux. On voit bien le credo de Doraemon : le personnage est le compagnon idéal que tout enfant souhaiterait avoir près de lui, pour l'aider à se défendre et à réaliser ses désirs d'un futur radieux.
À l'autre bout du spectre, on trouve les mangas dessinés par Kazuo Umezu, qui s'est fait une spécialité des récits d'horreur destinés aux écoliers. Si les auteurs de Doraemon explorent les rêves secrets de leurs jeunes lecteurs, Umezu, quant à lui, donne forme à leurs pires cauchemars. Dans L'École emportée, un établissement scolaire et ses occupants sont brutalement transportés dans un monde désert et apocalyptique. Livrés à eux-mêmes – les enseignants se sont suicidés ou ont sombré dans la folie –, les enfants devront apprendre à survivre dans un environnement hostile et gérer les dissensions qui menacent le groupe, sans aucune certitude de revoir un jour leur foyer. Dans ce manga, Umezu confronte le jeune lecteur à ses peurs fondamentales (en premier lieu la séparation avec les parents, et notamment la mère) et décrit une jeunesse abandonnée par ses aînés, ayant perdu sa foi dans le monde des adultes.
Dans un esprit plus politiquement correct, les revues de mangas proposent également des séries didactiques pour les enfants. Manga Science (2005, éd. or. 1991) de Yoshitoh Asari témoigne ainsi des potentialités pédagogiques de la bande dessinée japonaise. À chaque chapitre, un petit groupe d'écoliers s'interroge sur un phénomène physique, auquel un spécialiste farfelu vient apporter des réponses précises et limpides.
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Écrit par
- Julien BASTIDE : critique de bande dessinée
- Arthur BAYON : master professionnel de journalisme à l'École de journalisme de Grenoble, journaliste au Figaro
Classification
Médias
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