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MANGA

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Rêves et cauchemars d'enfants

Plusieurs magazines de mangas visent les enfants dès six ans (kodomo manga), mais peu de séries destinées à cette classe d'âge ont été traduites en français. Deux d'entre elles semblent néanmoins délimiter le genre : Doraemon (2007, éd. or. 1974) et L'École emportée (2004 ; éd. or. Hyōryū Kyōshitsu, 1972).

La première, qui compte 45 volumes dans son édition reliée, est l'œuvre de Fujiko F. Fujio, un pseudonyme qui masque l'identité de Hiroshi Fujimoto (1933-1996) et Motoo Abiko (1934-2022), tous deux formés auprès de Tezuka. Doraemon est focalisé sur un écolier laid et peu doué pour les études, Nobita, auquel ses descendants décident de porter secours par l'intermédiaire d'une machine à remonter le temps. Pour améliorer ses perspectives d'avenir, ils placent auprès de lui un robot à l'apparence de gros chat : Doraemon. Celui-ci est doté d'un solide bon sens et d'une poche ventrale de laquelle il tire des objets aussi merveilleux qu'improbables – un carnet qui réalise les projets qu'on y consigne, par exemple –, desquels l'indécrottable Nobita fait systématiquement un usage calamiteux. On voit bien le credo de Doraemon : le personnage est le compagnon idéal que tout enfant souhaiterait avoir près de lui, pour l'aider à se défendre et à réaliser ses désirs d'un futur radieux.

À l'autre bout du spectre, on trouve les mangas dessinés par Kazuo Umezu, qui s'est fait une spécialité des récits d'horreur destinés aux écoliers. Si les auteurs de Doraemon explorent les rêves secrets de leurs jeunes lecteurs, Umezu, quant à lui, donne forme à leurs pires cauchemars. Dans L'École emportée, un établissement scolaire et ses occupants sont brutalement transportés dans un monde désert et apocalyptique. Livrés à eux-mêmes – les enseignants se sont suicidés ou ont sombré dans la folie –, les enfants devront apprendre à survivre dans un environnement hostile et gérer les dissensions qui menacent le groupe, sans aucune certitude de revoir un jour leur foyer. Dans ce manga, Umezu confronte le jeune lecteur à ses peurs fondamentales (en premier lieu la séparation avec les parents, et notamment la mère) et décrit une jeunesse abandonnée par ses aînés, ayant perdu sa foi dans le monde des adultes.

Dans un esprit plus politiquement correct, les revues de mangas proposent également des séries didactiques pour les enfants. Manga Science (2005, éd. or. 1991) de Yoshitoh Asari témoigne ainsi des potentialités pédagogiques de la bande dessinée japonaise. À chaque chapitre, un petit groupe d'écoliers s'interroge sur un phénomène physique, auquel un spécialiste farfelu vient apporter des réponses précises et limpides.

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Écrit par

  • : critique de bande dessinée
  • : master professionnel de journalisme à l'École de journalisme de Grenoble, journaliste au Figaro

Classification

Médias

<em>Astro Boy</em>, Osamu Tezuka - crédits : Nippon Television Network (NTV), Tezuka Productions/ Aurimages

Astro Boy, Osamu Tezuka

<em>L’Homme qui marche</em>, Taniguchi Jirō - crédits : L'Homme qui marche, Jirô Taniguchi 1992-2015/ BCF-Tokyo

L’Homme qui marche, Taniguchi Jirō

<em>Ghost in the shell</em>, de Oshi Mamoru, 1995 - crédits : Bandai/Kodansha/Production I.G. / The Kobal Collection/ Aurimages

Ghost in the shell, de Oshi Mamoru, 1995

Autres références

  • MANGA (Hokusai)

    • Écrit par
    • 320 mots

    Collection d'albums dont l'idée naquit un jour où, discutant dessin avec un de ses élèves, Hokusai illustra son propos de centaines de croquis. Édités en 1814, ils formèrent le premier volume des Hokusai Manga. Le succès fut tel qu'au cours des cinq années qui suivirent, le maître y...

  • BANDE DESSINÉE

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    • 16 médias
    La diffusion en Occident, à la fin des années 1970, de dessins animés produits au Japon a préparé le terrain à l’irruption, en Europe et aux États-Unis, des bandes dessinées japonaises, ou mangas (le mot, qui aurait été forgé par le peintre Hokusai en 1814, avec le sens d’« images dérisoires...
  • FANTASY

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    De son côté, l'importante production japonaise de mangas a exploité son propre matériel légendaire, très riche, et l'école franco-belge a fait valoir ses qualités. La fantasy y apparaît sans se différencier initialement de la bande dessinée d'aventures (Thorgal de Jean Van Hamme et...
  • GRAVURES D'HOKUSAI - (repères chronologiques)

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    Fin du xviie siècle Premières estampes de l'Ukiyo-e (« images du monde flottant »)

    1760 Naissance de Katsushika Hokusai.

    1778 Premiers travaux de l'artiste : des représentations d'acteurs et de courtisanes.

    Vers 1780 Estampe des « Lutteurs de sumo ».

    Vers 1800 Hokusai...

  • HOKUSAI (1760-1849) (exposition)

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    Cette exposition coïncide avec le bicentenaire de la publication, en 1814,du premier volume de la Manga, le plus fameux des albums illustrés de l’artiste. Elle est l’aboutissement du travail mené par Seiji Nagata, un conservateur japonais qui a consacré sa vie à l’œuvre de Hokusai, avec la collaboration...
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