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MANGA

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Fougue et atermoiements de l'adolescence

Les mangas destinés aux adolescents sont ceux qui ont façonné les préjugés liés à la bande dessinée japonaise en Occident, sur le plan du dessin comme du récit. Ainsi, l'impression d'uniformité dans la représentation des visages (yeux et bouche immenses, menton pointu, mèches de cheveux fantaisistes) que l'on peut en retirer à première vue s'explique notamment par l'empreinte profonde qu'a laissée Osamu Tezuka, dont le style a fait école. Grand admirateur des dessins animés de Walt Disney, il a repris les grands yeux des animaux de Bambi (1942) pour ses propres personnages, afin d'accentuer leur côté attachant. Il s'agit donc là d'une convention de dessin, au même titre que les « gros nez » de la bande dessinée belge.

Par ailleurs, s'il n'est pas dénué de charme ou de virtuosité, le dessin est avant tout au service de l'histoire. Souvent, les décors sont ébauchés, les physionomies schématiques, et les sentiments des personnages nous sont livrés par le biais de symboles graphiques immédiatement compréhensibles, qui facilitent la lecture. Enfin, ces histoires, dont la violence a maintes fois été dénoncée en Occident, encouragent surtout l'adolescent à développer des énergies positives : le courage, la persévérance, l'amitié, ou encore le don de soi. L'action rythme la progression de l'intrigue et les auteurs optent généralement pour une mise en page et des plans dynamiques, qui exaltent les prouesses de leurs personnages.

Même si les titres pour garçons (shōnen manga) recèlent une importante diversité, on peut repérer plusieurs sous-ensembles. Le plus important est constitué par les histoires originellement publiées dans la revue Shōnen Jump, et par leurs nombreux ersatz. À sa création, en 1968, cet hebdomadaire demanda à ses jeunes lecteurs, par l'intermédiaire d'un sondage, quelles étaient les valeurs qui comptaient le plus à leurs yeux ; les réponses mirent en avant l'amitié, la persévérance et la victoire. Depuis cette époque, ces trois mots sont devenus le critère de sélection des histoires publiées dans Shōnen Jump. La formule a prouvé son succès, des histoires de robots géants imaginées par Gō Nagai, auteur de Goldorak (1998 ; éd. or. Grendizer, 1975), à Captain Tsubasa (1999, éd. or. 1982), connu en France sous le titre d’Olive et Tom, de Yōichi Takahashi, des Chevaliers du zodiaque (1997 ; éd. or. Saint Seiya, 1985), à Naruto (2002, éd. or. 1999), de Masashi Kishimoto, ou encore One Piece (2000 ; éd. or. Wan Pīsu, 1997) de Eiichirō Oda.

Dans ces séries, la dynamique de l'identification et du fantasme propre à la bande dessinée populaire japonaise joue à plein. Qu'il aspire à devenir un chasseur de primes reconnu (Hunter X Hunter,2000, éd. or. 1998, de Yoshihiro Togashi), un champion de basket (Slam Dunk, 1999, éd. or. 1990, de Takehiko Inoue) ou un joueur de go professionnel (Hikaru no Go, 2002, éd. or. 1999, de Yumi Hotta et Takeshi Obata), le jeune héros – dont l'âge correspond généralement à celui du lecteur – est un garçon fougueux, d'apparence ordinaire, mais possédant invariablement un talent caché, qui parviendra, avec l'aide de ses amis et à force de volonté, à atteindre ses objectifs.

Ce n'est cependant pas là l'unique matrice des mangas pour les garçons. On peut évoquer, entre autres, le registre de la chronique sentimentale, dont le maître incontesté reste Mitsuru Adachi, auteur de Touch (2005 ; éd. or. Tacchi, 1981), qui détaille sur des milliers de pages les atermoiements amoureux de ses personnages, mêlés à leurs exploits sportifs. Citons aussi les comédies loufoques de Rumiko Takahashi, l'auteure de Ranma 1/2 (1994, éd. or. 1987), et la polyvalence de la mangaka Hiromu Arakawa, aussi à l’aise[...]

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Écrit par

  • : critique de bande dessinée
  • : master professionnel de journalisme à l'École de journalisme de Grenoble, journaliste au Figaro

Classification

Médias

<em>Astro Boy</em>, Osamu Tezuka - crédits : Nippon Television Network (NTV), Tezuka Productions/ Aurimages

Astro Boy, Osamu Tezuka

<em>L’Homme qui marche</em>, Taniguchi Jirō - crédits : L'Homme qui marche, Jirô Taniguchi 1992-2015/ BCF-Tokyo

L’Homme qui marche, Taniguchi Jirō

<em>Ghost in the shell</em>, de Oshi Mamoru, 1995 - crédits : Bandai/Kodansha/Production I.G. / The Kobal Collection/ Aurimages

Ghost in the shell, de Oshi Mamoru, 1995

Autres références

  • MANGA (Hokusai)

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    • 320 mots

    Collection d'albums dont l'idée naquit un jour où, discutant dessin avec un de ses élèves, Hokusai illustra son propos de centaines de croquis. Édités en 1814, ils formèrent le premier volume des Hokusai Manga. Le succès fut tel qu'au cours des cinq années qui suivirent, le maître y...

  • BANDE DESSINÉE

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    • 16 médias
    La diffusion en Occident, à la fin des années 1970, de dessins animés produits au Japon a préparé le terrain à l’irruption, en Europe et aux États-Unis, des bandes dessinées japonaises, ou mangas (le mot, qui aurait été forgé par le peintre Hokusai en 1814, avec le sens d’« images dérisoires...
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    De son côté, l'importante production japonaise de mangas a exploité son propre matériel légendaire, très riche, et l'école franco-belge a fait valoir ses qualités. La fantasy y apparaît sans se différencier initialement de la bande dessinée d'aventures (Thorgal de Jean Van Hamme et...
  • GRAVURES D'HOKUSAI - (repères chronologiques)

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    • 131 mots

    Fin du xviie siècle Premières estampes de l'Ukiyo-e (« images du monde flottant »)

    1760 Naissance de Katsushika Hokusai.

    1778 Premiers travaux de l'artiste : des représentations d'acteurs et de courtisanes.

    Vers 1780 Estampe des « Lutteurs de sumo ».

    Vers 1800 Hokusai...

  • HOKUSAI (1760-1849) (exposition)

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    Cette exposition coïncide avec le bicentenaire de la publication, en 1814,du premier volume de la Manga, le plus fameux des albums illustrés de l’artiste. Elle est l’aboutissement du travail mené par Seiji Nagata, un conservateur japonais qui a consacré sa vie à l’œuvre de Hokusai, avec la collaboration...
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