- 1. Les débuts du Cri qui tue
- 2. Une ouverture progressive à tous les publics
- 3. Rêves et cauchemars d'enfants
- 4. Fougue et atermoiements de l'adolescence
- 5. Le samouraï et l'employé de bureau
- 6. Romance et émancipation
- 7. Shōnen, shōjo, seinen et jōsei : une grille de lecture à nuancer
- 8. Rebelles et francs-tireurs
- 9. La lecture sur écran, incontournable au Japon
- 10. Une nouvelle littérature populaire
- 11. Retour vers le passé
- 12. Bibliographie
MANGA
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Rebelles et francs-tireurs
Parallèlement au développement des mangas conçus pour le grand public, un courant marginal de la bande dessinée japonaise se distingue des diktats des principaux magazines de prépublication (ciblage du public, parution en feuilleton) et des dogmes graphiques et narratifs imposés par Tezuka. Cette production alternative s'est développée autour de la revue Garo, fondée en 1964 à Tōkyō par Katsuichi Nagai (1921-1996), et ayant bénéficié à ses débuts du soutien de Sanpei Shirato, qui y publiait dès la première année sa saga contestataire Kamui-den (2010, éd. or. 1964). Garo s'oriente par la suite vers une production résolument expérimentale et poétique, sous l'impulsion notamment de Yoshiharu Tsuge, qui y fait paraître des récits frayant avec le surréalisme (La Vis, 2019 ; éd. or. Neji-shiki, 1968) ou inspirés de sa propre existence. Il aura fallu attendre 2019 pour qu’un éditeur français, Cornélius, ose se lancer dans la publication de l’intégralité des histoires courtes de cet auteur incontournable.
Au cours des années 1970, Garo révèle de nombreux mangakas aux styles et aux propos singuliers, comme Mizumaru Anzai, avec Période bleue (2023 ; éd. or. Ao no Jidai, 1970), Shin'ichi Abe, avec Paradis (2006 ; éd. or. Tengoku, 1971), Ōji Suzuki, avec La Fille à la moto (2022 ; éd. or. Otobai shōjo, 1978), ou Kuniko Tsurita (1947-1985), avec L’Envol (parution française en 2021). L’érotique grotesque s’incarne dans La Jeune Fille aux camélias (2005 ; éd. or. Shōjō Tsubaki, 1984) de Sueihiro Maruo et La Demeure de la chair (2013 ; éd. or. Shoki Sakuhinshū, 1972) de Kazuichi Hanawa, tandis qu’Usamaru Furuya repousse les limites du médium avec Palepoli (2012, éd. or. 1994).
D'une scission au sein de l’équipe rédactionnelle de Garo naît en 1998 la revue AX, qui reprend le flambeau de Nagai, décédé en 1996. Régi par les mêmes principes libertaires que son illustre modèle, AX publie vieux maîtres, tel Kazuichi Hanawa avec Dans la prison (2005 ; éd. or. Keimusho no Naka, 2000), débutants hors norme, à l’instar de Takashi Kurihara, auteur de Cornigule (2005 ; éd. or. Tsuno Byō, 2004) et francs-tireurs, comme Kotobuki Shiriagari avec Jacarandà (2006, éd. or. 2005).
Fondée sur des partis pris nettement moins radicaux, la revue Afternoon, créée en 1987 par le mastodonte de l'édition Kōdansha, offre néanmoins aux auteurs une relative liberté, accueillant des personnalités artistiques singulières, comme Fumiko Takano, auteure du Livre jaune (2004 ; éd. or. Kiiroi Hon, 2002), Daisuke Igarashi (Petite Forêt, 2008 ; éd. or. Hanashippanashi, 2004), Iō Kuroda (Un été andalou et autres aubergines, 2004 ; éd. or. Nasu, 2001) ou Haruko Ichikawa (L’Ère des cristaux, 2016 ; éd. or. Hōseki no Kuni, 2012). De jeunes prodiges, comme Taiyō Matsumoto avec Amer Béton (1996 ; éd. or. Tekkon Kinkurīto, 1993) et Gogo Monster (2005 ; éd. or. Gogo Monsuta, 2000), Takehiko Inoue avec Vagabond (2001 ; éd. or. Bagabondo, 1999) ou Inio Asano avec Solanin (2007, éd. or. 2005), parviennent de leur côté à imposer des projets atypiques au sein des principales maisons d'édition, et à négocier un rythme de travail moins contraignant.
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Écrit par
- Julien BASTIDE : critique de bande dessinée
- Arthur BAYON : master professionnel de journalisme à l'École de journalisme de Grenoble, journaliste au Figaro
Classification
Médias
Astro Boy, Osamu Tezuka
Nippon Television Network (NTV), Tezuka Productions/ Aurimages
L’Homme qui marche, Taniguchi Jirō
L'Homme qui marche, Jirô Taniguchi 1992-2015/ BCF-Tokyo
Ghost in the shell, de Oshi Mamoru, 1995
Bandai/Kodansha/Production I.G. / The Kobal Collection/ Aurimages
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De son côté, l'importante production japonaise de mangas a exploité son propre matériel légendaire, très riche, et l'école franco-belge a fait valoir ses qualités. La fantasy y apparaît sans se différencier initialement de la bande dessinée d'aventures (Thorgal de Jean Van Hamme et... -
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