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MANIFESTE, arts

Manifeste du Parti communiste - crédits : AKG-images

Manifeste du Parti communiste

Au sens, apparu au xvie siècle, de déclaration publique écrite et solennelle effectuée par un groupe, un « manifeste » relève de la vie politique ou diplomatique : c'est typiquement le cas du Manifeste du parti communiste en 1848. Au cours du xixe siècle, le terme voit son acception s'étendre à un « exposé théorique lançant un mouvement littéraire ou artistique » (selon la définition du Robert), et c'est à la fin de ce siècle qu'apparaissent les premiers textes de ce type, rédigés par des artistes ou par des écrivains.

Le futurisme - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Le futurisme

Entre 1886 et 1930, on compte une vingtaine de manifestes, publiés en France, en Italie, en Allemagne, en Russie. Le premier d'entre eux, le Manifeste du symbolisme, est publié par Jean Moréas dans Le Figaro, le 18 septembre 1886. Il faudra ensuite attendre une génération pour voir paraître le premier manifeste exclusivement pictural, concernant la peinture futuriste, en 1910. Il sera suivi des manifestes du rayonnisme par Mikhaïl Larionov en 1913, du suprématisme par Kasimir Malévitch en 1915, de ceux de De Stijl en 1917, du purisme par Ozenfant et Jeanneret en 1918, ou encore du réalisme selon Gabo et Pevsner en 1920 – tandis que Dada en 1918, et le surréalisme en 1924, se situaient à la fois sur les plans plastique et littéraire. Après 1930 viendront encore bien des manifestes littéraires ou artistiques, avec ou sans dimension politique, et ils se multiplieront durant tout le xxe siècle, au point d'apparaître aujourd'hui comme une composante familière de la vie culturelle occidentale.

Qu'est-ce qu'un manifeste ?

Un manifeste possède une forme et une fonction bien particulières, que les analyses de Marc Angenot sur les textes pamphlétaires nous aident à identifier. Qu'en est-il tout d'abord de son auteur, ou, plus précisément, de son signataire ? Le texte peut en avoir un, comme l'attestent tous ceux qui – de Moréas à Marinetti, de Malévitch à Breton – auront attaché leur nom à une telle déclaration. Mais ce n'est pas obligatoire, d'autant moins que le signataire peut n'être qu'un porte-parole intervenant au nom d'un collectif ; faute de quoi, on n'a pas affaire à un manifeste, mais à un simple article (tel celui de Georges-Albert Aurier sur Van Gogh en 1890), ou encore à un pamphlet. Ce porte-parole peut d'ailleurs n'être pas lui-même un créateur, mais par exemple un critique, tel Pierre Restany, en 1960, pour les nouveaux réalistes – critique qui, à défaut de créer lui-même des œuvres, contribuera à la création d'un groupe. C'est que le manifeste, texte émanant d'un collectif, manifeste, au sens littéral du terme, l'existence de ce dernier, ainsi que son projet.

Quelle est à présent la fonction du manifeste ? Il s'agit, tout d'abord, d'un acte de prescription – guide pour l'action à mener, programme de ce qu'il convient de faire, ou, du moins, justification de ce qui a été et doit être fait. Le Figaro du 18 septembre 1886 introduisait ainsi le manifeste intitulé « Le Symbolisme » : « M.  Jean Moréas, un des plus en vue parmi ces révolutionnaires des lettres, a formulé sur notre demande, pour les lecteurs du supplément, les principes fondamentaux de la nouvelle manifestation d'art. »

Tous les manifestes ont donc en commun une forme rhétorique correspondant à cette fonction prescriptive. Elle leur vaut d'être un énoncé échappant triplement au registre descriptif : premièrement, en tant que cet énoncé est normatif, du fait qu'il explicite des valeurs, énonce ce qui est bien ou mal, beau ou laid, intéressant ou non, etc. ; deuxièmement, en tant qu'il est prescriptif, du fait que, nous venons de le voir, il dit ce qu'il faut faire ou ne pas faire ; troisièmement, en tant qu'il est performatif, comme tout énoncé qui fait quelque chose en disant.[...]

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