MANITAS DE PLATA (1921-2014)
Le musicien français Manitas de Plata a popularisé la guitare gitane et le flamenco en France, au milieu des années 1960, en même temps qu’il développait sa carrière internationale. Cet autodidacte, qui n'a jamais appris une note de solfège, a marqué les esprits par son jeu flamboyant, vendant des millions d'albums et jouant dans les plus grandes salles américaines. Ce succès commercial ne fut toutefois jamais réellement accompagné de la reconnaissance des puristes du flamenco qui lui reprochaient son approche festive, orientée vers la virtuosité.
Manitas de Plata, de son vrai nom Ricardo Baliardo, naît à Sète le 7 août 1921. Enfant, il fait son apprentissage de la guitare auprès de son oncle Joseph Faré, dit « Moro », et à l'écoute du guitariste Django Reinhardt. Il montre très vite une grande maîtrise technique de son instrument et, dès l'âge de dix ans, se produit lors du pèlerinage gitan des Saintes-Maries-de-la-Mer. La virtuosité de son toucher lui vaut bientôt le surnom de manitas de plata (« petites mains d'argent »). Pendant de nombreuses années, le guitariste écume les cafés et les terrasses de la Riviera. Au milieu des années 1950, il fait la connaissance du photographe d'art Lucien Clergue, amateur de musique gitane. En 1961, ce dernier expose au MoMA à New York, notamment les photographies qu’il a prises au pèlerinage des Saintes-Maries-de-la-Mer. Il est alors abordé par Alan Silver, un patron de maison de disques qui cherche à entrer en contact avec Manitas de Plata qu'il a entendu sur un enregistrement amateur quelques années plus tôt. Jouant ainsi le rôle de conseiller artistique auprès du guitariste, Lucien Clergue établit le contact entre l'artiste et le producteur américain. Les premiers enregistrements ont lieu à Arles en 1965 et le succès est aussitôt au rendez-vous. Manitas multiplie les sorties de disques – il en enregistrera plus de quatre-vingts au cours de sa carrière – et se produit un peu partout dans le monde, remplissant des salles aussi prestigieuses que le Carnegie Hall de New York. En France, le guitariste enflamme les soirées de la jet-set tropézienne, fréquente à la fin des années 1960 Brigitte Bardot, Eddie Barclay, et devient l'ami d'artistes tels que Pablo Picasso ou encore Salvador Dali. Tous saluent son sens de spectacle et la fougue de ses prestations. Si sa popularité s'estompe durant les années 1970, le guitariste continue néanmoins d’enregistrer et de se produire sur scène.
Il meurt à Montpellier, le 5 novembre 2014, à l'âge de quatre-vingt-treize ans. La popularité de Manitas de Plata a ouvert la voie à d'autres groupes de flamenco populaires, notamment les Gipsy Kings, formation en partie composée de ses descendants et neveux.
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- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Média