MANITOBA, Canada
La province du Manitoba est née en 1870, de même que les Territoires du Nord-Ouest, du partage d'une ancienne colonie britannique, la Terre de Rupert, concédée à la Compagnie de la baie d'Hudson. D'abord limité à la région faiblement peuplée de la rivière Rouge, le territoire de cette province s'agrandit en 1881, et de nouveau en 1912, d'une vaste partie du bouclier canadien et d'une zone côtière de la baie d'Hudson s'étendant jusqu'au 60e parallèle nord.
Comme les autres provinces dites des Prairies, le Manitoba se caractérise par la grande étendue de son territoire (649 950 km2), la faiblesse de sa population (1 148 400 hab. en 2006 ; densité moyenne : 2,1 hab./km2) et la simplicité de sa structure. Il s'en distingue toutefois notablement par l'extension moins considérable de son domaine agricole, par la concentration de plus de la moitié de sa population dans une seule région métropolitaine (Winnipeg, la capitale de la province, comptait 694 668 hab. en 2006), par le développement de son industrie manufacturière et par la présence d'un port de mer sur la baie d'Hudson.
La mise en valeur de la région manitobaine a toujours été profondément marquée par l'existence de deux régions naturelles à vocations fort différentes, celle du Nord et celle du Sud, ainsi que par l'importance relative de ses trois grandes voies d'accès.
La région du Nord, plateau ondulé d'une altitude moyenne de moins de 500 mètres et qui occupe 80 p. 100 du territoire de la province, est couverte de forêts et possède de nombreux lacs et rivières. Les sols sont pauvres, et le climat rigoureux est de type subarctique.
L'autre région naturelle (138 000 km2) occupe, au sud-ouest de la précédente, le reste du territoire de la province. Elle se caractérise par une végétation de prairie et de parc ; la saison végétative y est plus longue (de 90 à 120 jours) et les sols y sont meilleurs que dans la région du Nord.
Le territoire manitobain a été abordé du côté de la baie d'Hudson par des Anglais à la recherche du passage du Nord-Ouest. Vers le milieu du xviie siècle, des missionnaires et des trafiquants français le pénétrèrent par la voie des Grands Lacs. Le poste de York Factory (fondé en 1682 et fermé en 1957), situé à l'embouchure de la Hayes, devient le principal relais de transbordement des pelleteries sur la baie d'Hudson, ainsi que le terminus des caravanes de pagayeurs de l'intérieur forestier. Durant deux cents ans, l'histoire de l'exploration et de l'exploitation de la région se confond avec celle de la lutte pour le contrôle du commerce des fourrures. Ce dernier a entraîné la pénétration de l'intérieur, suscité la création d'établissements, engagé les Indiens de la forêt dans une économie nouvelle, déséquilibré leurs modes de vie, engendré une population métissée.
Au début du xixe siècle, la forêt du Nord et ses animaux à fourrure constituent les ressources essentielles de la région. Les rapports avec le reste du Canada et avec le Royaume-Uni, encore ténus, tendent à s'affermir sous la pression de développements nouveaux.
En 1869, le Canada acquiert la Terre de Rupert et, l'année suivante, le modeste établissement de la rivière Rouge se transforme en province du Manitoba. On s'efforce alors d'augmenter la population manitobaine, qui n'est que de 25 228 habitants au recensement de 1871, en offrant aux immigrants des terres gratuites ou à peu près, et en ouvrant une voie de pénétration, la route Dawson, le long de l'ancienne route fluviale de l'Est. Mais, durant quelques années encore, la route du Sud vers Saint Paul et les États-Unis conserve une prépondérance qui s'accroît même à la suite de la construction d'un embranchement d'une voie ferrée américaine jusqu'à [...]
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Écrit par
- J. H. RICHARDS : professeur à l'université de Saskatoon, Canada
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Média
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