SINGH MANMOHAN (1932- )
Économiste, homme politique et Premier ministre de l'Inde de 2004 à 2014.
Né le 26 septembre 1932 à Gah, dans le Pendjab occidental (aujourd'hui au Pakistan), le sikh Manmohan Singh fait ses études à l'université du Pendjab puis à Cambridge, au Royaume-Uni. Il obtient un doctorat en économie à l'université d'Oxford.
Dans les années 1970, il est nommé à plusieurs postes de conseiller en économie au sein du gouvernement indien et devient l'un des consultants attitrés des Premiers ministres.
Manmohan Singh travaille également à la Banque centrale indienne, en tant que directeur (de 1976 à 1980), puis comme gouverneur (de 1982 à 1985).
Lorsqu'il est nommé ministre des Finances, en 1991, le pays est au bord de la faillite. Manmohan Singh procède à la dévaluation de la roupie, à la réduction des impôts, à la privatisation des industries gérées par l'État et encourage les investissements étrangers : ces réformes changent radicalement l'économie du pays et permettent un véritable boom économique.
Membre du Parti du Congrès, il est élu, en 1991, à la Chambre haute du Parlement. Il est ministre des Finances jusqu'en 1996 et se présente trois ans plus tard à la députation, en vain. En mai 2004, le Parti du Congrès remporte les élections législatives, mettant en minorité le Bharatiya Janata Party (B.J.P.), le parti nationaliste hindou de la coalition sortante. Sonia Gandhi (veuve de l'ancien Premier ministre Rajiv Gandhi), leader du Parti du Congrès, renonce au poste de Premier ministre au profit de Manmohan Singh. Il est le premier homme politique non hindou à exercer cette charge. Il se donne pour objectifs d'améliorer les conditions de vie des plus pauvres – qui n'ont pas bénéficié de la croissance économique du pays –, de consolider la paix avec le Pakistan voisin et de rapprocher les diverses communautés religieuses présentes en Inde.
Le mandat de Manmohan Singh se déroule sur fond de boom économique, mais la hausse du prix du carburant génère une forte inflation qui entrave l'action du gouvernement en faveur des plus pauvres. Afin de répondre aux besoins énergétiques grandissants de l'Inde, Manmohan Singh lance en 2005 des négociations avec le président américain, George W. Bush, en vue de nouer un pacte de coopération nucléaire. Un tel accord permettrait à l'Inde d'acheter du combustible sur le marché mondial et d'obtenir la technologie nécessaire à son retraitement dans ses centrales. À l'étranger, ce projet de collaboration suscite l'opposition de ceux qui se sont indignés du refus de l'Inde de signer le traité de non-prolifération ; dans le pays même, le Premier ministre est critiqué pour ce rapprochement potentiel, trop important, avec les États-Unis, qui, selon ses détracteurs, pourraient en profiter pour accroître la pression sur le gouvernement indien. En 2008, les avancées réalisées dans la coopération nucléaire indo-américaine amènent les membres de la majorité parlementaire – en particulier les partis communistes – à dénoncer le gouvernement de Manmohan Singh et, finalement, à déposer une motion de censure devant le Parlement à la fin du mois de juillet. Le gouvernement obtient la confiance de justesse, mais le scrutin est entaché par des allégations – émanant des deux bords – de corruption ainsi que par l'achat de voix. Lors des élections législatives d'avril-mai 2009, le Parti du Congrès renforce sa représentation, et Manmohan Singh est confirmé dans ses fonctions de Premier ministre. Le ralentissement de la croissance économique et des allégations de corruption à l’encontre de responsables du Parti du Congrès viennent compromettre le second mandat de M. Singh et entraînent une érosion de la popularité du parti. Au début de 2014, Manmohan Singh annonce qu'il ne briguera pas un troisième mandat en tant que Premier ministre lors des élections du printemps. Il quitte ses fonctions le 26 mai, date à laquelle[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Autres références
-
INDE (Le territoire et les hommes) - Histoire
- Écrit par Encyclopædia Universalis , Christophe JAFFRELOT et Jacques POUCHEPADASS
- 22 936 mots
- 25 médias
...Congrès. Bien que sa position soit fragile, il engage l'Inde sur la voie d'une libéralisation économique sans précédent, qui va surtout être orchestrée par Manmohan Singh, le ministre des Finances. Le « licence Raj » (système des autorisations administratives) en vertu duquel toute entreprise privée souhaitant... -
INDE (Le territoire et les hommes) - L'économie contemporaine
- Écrit par Gilbert ÉTIENNE et Joël RUET
- 12 029 mots
- 12 médias
Leministre des Finances, l'économiste sikh Manmohan Singh, avec une équipe de hauts fonctionnaires développent les réformes qu'ils ont préparées déjà depuis quelques années. Dans sa première déclaration, en juillet 1991, il parle net : « En 1960, le revenu par tête des Coréens était comparable... -
INDE - Les institutions
- Écrit par Samuel BERTHET
- 4 384 mots
- 3 médias
...Jawaharlal Nehru, le premier à avoir occupé la fonction, et de sa fille Indira Gandhi, qui prit rapidement sa suite à la tête du gouvernement en 1967. Sous Manmohan Singh (2004-2014), un Premier ministre plus technocrate que politicien qui subissait l’emprise des leaders du parti du Congrès – Sonia Gandhi...