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DAYAK MANO (1950-1995)

Personnage inclassable, écartelé comme son peuple entre deux cultures et plusieurs pays, Mano Dayak, leader de la rébellion touarègue nigérienne, est mort le 15 décembre 1995, en compagnie de quatre autres personnes, dans l'explosion de son avion sur un aérodrome du désert du Ténéré, au Niger. L'accident étant survenu en pleine négociation avec le gouvernement nigérien sur la mise en œuvre d'un accord de paix, une commission internationale d'enquête a été nommée pour donner son avis sur l'éventualité d'un attentat.

Mano Dayak est né en 1950 dans un clan touareg de l'oued Tidene, au nord d'Agadès, dans le massif de l'Aïr. Scolarisé à l'école nomade à l'âge de huit ans par l'administration, il passe son certificat d'études à Agadès, où il est reçu premier. Au début des années 1970, il passe trois ans à Indianapolis (États-Unis), puis arrive à Paris, où il suit les cours de l'ethnologue Germaine Tillion à l'École pratique des hautes études. De retour au Niger, il prend conscience du sous-développement qui pousse les Touaregs victimes de la sécheresse de 1973 à émigrer vers les villes ou à s'expatrier en Libye, où le colonel Kadhafi les incite à créer une république touarègue (1980). L'agence de voyages qu'il fonde à Agadès en 1980 avec sa femme française devient le point de ralliement des Occidentaux passionnés par le désert. Cet intérêt exclusif d'une riche clientèle pour une région qui abrite aussi les mines d'uranium d'Arlit (la seule source de devises du Niger) n'est pas sans indisposer les autorités centrales, qui voient le pays touareg capter à son seul profit les retombées touristiques. Vedette des médias, Mano Dayak devient le correspondant local du rallye Paris-Dakar, auquel il participe en 1986, 1987 et 1988.

En 1989, le président nigérien Ali Seibou lance un appel au retour des émigrés d'Algérie et de Libye. Près de 18 000 d'entre eux s'installent à Tchin Tabaraden, dans un camp de réfugiés, mais rien n'a été prévu pour leur réinsertion, et, l'année suivante, des émeutes provoquées par la misère et l'inaction sont brutalement réprimées (une centaine de morts). Cet événement, qui a de profondes répercussions au Niger et au Mali, est amplifié en 1991 par la démobilisation des Touaregs engagés dans la Légion islamique du colonel Kadhafi. Malgré une violente répression, la guérilla s'étend. En 1993, Mano Dayak fonde le Front de libération du Tamoust et réussit à unifier les différents fronts en une Coordination de la résistance armée. En janvier 1995, les amitiés françaises du leader touareg permettent la conclusion des accords de Ouagadougou avec le gouvernement nigérien, mais la mise en application de ces derniers rencontrera toujours des obstacles. Au moment de la mort de Mano Dayak, plusieurs mouvements menaçaient de reprendre le combat car les rebelles n'avaient pas obtenu satisfaction, en particulier sur la question du fédéralisme et sur celle de la répartition des revenus de l'uranium.

— Bernard NANTET

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