GLÉZOS MANOLIS (1922-2020)
Homme politique grec, qualifié par le général de Gaulle de « premier résistant d’Europe », Manolis Glézos fut un communiste atypique qui a toujours refusé tout type d’embrigadement. Ses convictions lui ont valu près de seize ans d’emprisonnement, plusieurs condamnations à mort et l’ont poussé à démissionner de la plupart de ses fonctions.
Né le 9 septembre 1922 dans le village d’Apiranthos sur l’île de Naxos, Manolis Glézos arrive à Athènes à l’âge de douze ans avec sa famille. En 1939, il milite pour la libération du Dodécanèse occupé par les Italiens. Il intègre la faculté d’économie d’Athènes à l’automne 1940, et s’engage dans la Croix-Rouge hellénique à l’entrée en guerre du pays. En signe de rébellion contre la barbarie, il décroche avec un ami, Apostolos Santas, le drapeau nazi qui flotte sur l’Acropole, dans la nuit du 30 mai 1941, devenant ainsi le premier résistant grec. Il entre alors au Parti communiste de Grèce (KKE), ainsi que dans l’Organisation panhellénique unifiée des jeunes, jeunesses du Front national de libération (EAM), organisation de masse de la résistance communiste. Il est arrêté par les Allemands et enfermé à la prison Avéroff en mars-avril 1942. L’année suivante, ce sont les Italiens qui l’emprisonnent, puis les collaborateurs grecs en février 1944. Il s’évade le 21 septembre, quand les Allemands commencent à quitter le pays.
Durant la guerre civile, Manolis Glézos est rédacteur en chef du quotidien du KKE, Rizospastis (« Radical ») en 1947, jusqu’en décembre où le parti est interdit et le journal fermé. Alors qu’il tente de rejoindre les maquis communistes par bateau, il est arrêté en mars 1948. En tant que rédacteur en chef du Rizospastis, il est condamné à mort à deux reprises. Face à une campagne internationale à laquelle participe le général de Gaulle en personne, sa peine est commuée en perpétuité. En 1951, toujours emprisonné, Glézos est élu député de la Gauche démocratique unifiée (EDA), parti regroupant les communistes – le KKE étant toujours interdit – et plusieurs groupes socialistes. Il ne sera libéré qu’en juillet 1954, avant d’être arrêté à nouveau en décembre 1958 pour espionnage. Alors qu’il est encore derrière les barreaux, en 1961, il est élu une nouvelle fois député pour l’EDA. Après sa libération en décembre 1962, il est lauréat du prix Lénine de la paix l’année suivante.
Lors du coup d’État des colonels du 21 avril 1967, Manolis Glézos est la deuxième personnalité politique à être arrêtée par les militaires. Déporté dans les îles de Yaros et de Léros, puis au camp d’Oropos (dans l’Attique), il est libéré en juillet 1971. Après le retour de la démocratie en 1974, il décide finalement de rejoindre, en 1981, le Mouvement socialiste panhellénique (Pasok), pour lequel il est élu député des Cyclades en octobre dans le cadre de la victoire de ces derniers aux législatives. Glézos siège au Parlement européen pour le Pasok à l’issue des élections de 1984, mais démissionne de ses fonctions l’année suivante pour prendre la tête de l’EDA qui n’est plus qu’une petite annexe du Pasok, devenir maire de son village natal et à nouveau député Pasok aux législatives de juin 1985. Mais, en janvier 1987, dénonçant la dérive populiste et clientéliste de son parti, il démissionne de son mandat de député. Il fonde en 2002 le mouvement Citoyens actifs, l’équivalent grec des Indignés espagnols, et rejoint deux ans plus tard le Synaspismos (Coalition), une coalition de la gauche communisante non dogmatique.
Les derniers combats de Manolis Glézos ont lieu durant la crise financière mondiale. Lors d’une manifestation contre la sévère politique d’austérité mise en œuvre par le gouvernement, le 5 mars 2010, il est sérieusement blessé par la police. Après la transformation du Synaspismos en parti,[...]
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Écrit par
- Christophe CHICLET
: docteur en histoire du
xx e siècle de l'Institut d'études politiques, Paris, journaliste, membre du comité de rédaction de la revueConfluences Méditerranée
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