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MANON LESCAUT (Abbé Prévost) Fiche de lecture

Antoine François Prévost d'Exiles, dit l'abbé Prévost (1697-1763), publie en 1731 le tome VII des Mémoires et aventures d'un homme de qualité (1728-1731), plus connu sous le titre abrégé de Manon Lescaut. Rapidement édité en édition séparée, censuré en 1733, ce récit des amours tumultueuses du chevalier des Grieux va éclipser, surtout à partir du xixe siècle, la quasi-totalité de l'œuvre de Prévost – notamment son immense roman philosophique : Le Philosophe anglais, ou Histoire de M. Cleveland, fils naturel de Cromwell (1731-1739). Les années 1730 marquent le début d'une carrière fructueuse et trépidante : défroqué depuis 1728, l'ex-bénédictin Prévost vit de sa plume en publiant des romans (il en écrira dix entre 1728 et 1760), des traductions (sa parfaite connaissance de l'anglais lui permettra de traduire rapidement le chef-d'œuvre de Richardson, Clarissa Harlowe) et en lançant Le Pour et contre (1733-1740), périodique hebdomadaire où il se fait l'ambassadeur des mœurs et de la culture anglaises auprès du public parisien. Prévost fut avec Marivaux un des maîtres du roman-mémoires. Ces récits rétrospectifs à la première personne ont pour objet privilégié l'expérience amoureuse et son rôle dans la formation du moi.

Les frasques d'un cadet de bonne famille

L'Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut se compose d'un Avis qui affirme, non sans humour, la vertu morale de ce roman, et d'une introduction de l'homme de qualité, Renoncour, qui présente sur un mode pathétique le couple infortuné, au moment où il est déporté en Amérique. Suit le récit de ses malheurs par des Grieux lui-même, revenu seul de Louisiane deux ans plus tard : le lecteur n'apprendra la mort – mystérieuse – de Manon que dans les dernières pages du roman.

L'histoire commence dans les dernières années du règne de Louis XIV. Le cadet de famille des Grieux, étudiant exemplaire de dix-sept ans, tombe sous le charme de Manon Lescaut, jeune fille d'une « naissance commune » que l'on conduit au couvent. Malgré les conseils de son tendre ami Tiberge, il s'enfuit avec elle à Paris et vit librement quelques semaines sur son petit pécule. Manon trouve d'autres ressources en la personne d'un fermier général qui révèle au père du chevalier l'adresse du fugitif. Ramené au logis, consolé et converti par le pieux Tiberge, des Grieux entame des études de théologie à Saint-Sulpice, où Manon vient le chercher un an plus tard. Les deux amants mènent alors une vie de plaisir et de friponnerie (vols, tricheries) qui conduit Manon à l'hôpital et des Grieux à Saint-Lazare, une prison confortable pour fils de famille. Ils s'évadent grâce à la complicité de Lescaut, le frère de Manon, et du fils d'un administrateur de l'hôpital. La dernière escroquerie commise par le couple leur sera fatale : Manon est condamnée à la déportation en Louisiane. Relâché grâce à son père, Des Grieux la suit en Amérique, où tous deux connaissent un bonheur paisible. Le projet hasardeux du héros d'épouser Manon, alors que tout le monde les croit mariés, déclenche la catastrophe : le gouverneur de la ville attribue d'office Manon à son neveu. Des Grieux se bat en duel avec son rival, puis s'enfuit avec Manon dans le désert. C'est là qu'elle périt après une marche de quelques kilomètres... On retrouve le chevalier couché sur la tombe de son amante.

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Écrit par

  • : Maître de conférence à l'université de Paris III - Sorbonne Nouvelle

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