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MANTEGNA (exposition)

La première rétrospective consacrée à Andrea Mantegna au musée du Louvre, à Paris, du 26 septembre 2008 au 5 janvier 2009, amène le visiteur au cœur du Quattrocento italien. Là, une confrontation perspicace des œuvres du maître avec celles de ses contemporains permet, en l'espace de près de 190 œuvres, de révéler les moments clés de la vie de l'artiste.

Mantegna entre à dix ans comme apprenti dans l'atelier de Francesco Squarcione à Padoue. La ville est alors un véritable carrefour artistique et intellectuel, où l'Antiquité se trouve comme réinventée. Dès ses premières œuvres – malheureusement perdues ou en partie détruites, comme les fresques de la chapelle des Eremitani –, Mantegna affirme son goût d'érudit antiquisant pour les ruines, la sculpture, et son génie de la tension dramatique. À la sophistication du gothique international, il préfère la modernité du Florentin Donatello (1386-1466) et son traitement plastique vigoureux des corps, ainsi que les nouveaux principes de perspective établies par l'architecte et théoricien Leon Battista Alberti (1404-1472). S'impose alors ce qui va devenir les caractéristiques majeures de sa production : le souci d'un espace rigoureux et structuré, le traitement réaliste de l'Antiquité classique comme cadre historique des sujets religieux, la perfection dans le rendu des matières, la fascination de la sculpture et enfin, sous-jacente, une mélancolie pleine de fierté et de gravité qui habite ses personnages – au point d'avoir marqué l'imagination de Marcel Proust.

En 1453, Mantegna épouse la fille de Jacopo Bellini, sœur de Giovanni. Ce sont les plus grands artistes vénitiens du moment. D'eux, il apprend la douceur de la lumière, l'élégance de la retenue et introduit dans ses œuvres une délicate souplesse dans le modelé, propre aux années 1440. Les réciprocités stylistiques entre ces artistes posent encore aujourd'hui de fréquents problèmes d'attributions et rendent par endroits l'exposition confuse. Au fil des ans, le style de Mantegna s'affirmant, les effets d'influence s'estompent.

En effet, la main du peintre s'impose dans le grandiose retable de San Zeno à Vérone (1456-1459). De mauvaises conditions de conservation ont empêché la venue des panneaux principaux, une Vierge à l'enfant entourée des saints – tout comme celle du Christ mort (vers 1490) de la pinacothèque de Brera (Milan). Néanmoins, les éléments de la prédelle, commandée en 1456, sont présentés ici : La Prière au jardin des Oliviers (musée des Beaux-Arts de Tours), La Crucifixion (musée du Louvre) et La Résurrection (musée des Beaux-Arts de Tours). Cette commande qui fait date dans son œuvre met en évidence le génie du peintre. Elle en rassemble les éléments stylistiques majeurs : le vocabulaire architectural antique, l'application de la perspective, le souci d'illusionnisme, la monumentalité des personnages et l'extraordinaire minutie descriptive qui caractérise les costumes et les physionomies, apprise auprès des Flamands Jan Van Eyck ou Rogier Van der Weyden.

Au printemps de 1460, Mantegna accepte l'invitation de Ludovic Gonzague et devient l'artiste officiel de la cour de Mantoue. Il travaille à la décoration de la chapelle du Castello di San Giorgio, aujourd'hui défigurée, mais dont il reste certains éléments comme la Mort de la Vierge du Prado (Madrid) et la Circoncision du musée des Offices (Florence). Entre 1465 et 1474, il peint la Chambre des Époux, son chef-d'œuvre. Ces fresques, à peine évoquées dans l'exposition – qui ne présente pas de reproductions photographiques, le plus souvent incapables de rendre la majesté des lieux –, sont reproduites dans le catalogue établi par Giovanni Agosti.

À la fin des années 1470, Mantegna acquiert une forte renommée,[...]

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Écrit par

  • : diplômée de l'École du Louvre, doctorante en histoire médiévale à l'École des hautes études en sciences sociales, Paris

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