DIBANGO MANU (1933-2020)
Musicien de notoriété mondiale, phare de l’afro-jazz, figure emblématique de l’apport de l’Afrique au paysage musical de la France, où il vécut la plus longue de ses nombreuses vies, le saxophoniste et compositeur camerounais Manu Dibango, également arrangeur, chef d’orchestre et chanteur, a connu une prolifique et longue carrière. Soixante années sans pause ni éclipse, qui l’ont vu enchaîner concerts et albums, collaborations musicales, sans oublier ses nombreux combats et engagements. Il a su rester à l’écoute du son des époques qu’il a traversées. Réputé pour la sonorité charnue, le groove et le swing de son saxophone, il savait aussi se montrer habile au marimba, au vibraphone, ou à la mandoline et au piano, les instruments de ses débuts.
Du jazz à l’afro-jazz
Emmanuel N'Djoké Dibango, dit Manu Dibango, naît le 12 décembre 1933 à Douala, ville portuaire du Cameroun, d’une mère couturière et d’un père fonctionnaire. En 1949, son père l’envoie poursuivre sa scolarité en France. Une famille d’accueil le reçoit à Saint-Calais, dans la Sarthe. Dans les bagages du jeune homme, trois kilos de café paieront à ses hôtes son premier mois de pension. Cette anecdote lui inspirera le titre d’une autobiographie, écrite en collaboration avec Danielle Rouard, Trois kilos de café, parue en 1989 (une seconde paraîtra en 2013, Balade en saxo, dans les coulisses de ma vie, rédigée avec l’écrivain Gaston Kelman).
Manu Dibango découvre le jazz à l’adolescence, au contact de Francis Bebey, un compatriote rencontré en colonie de vacances. Ils créent ensemble un trio dans lequel Dibango joue de la mandoline et du piano. Le saxophone alto arrive dans sa vie au début des années 1950, alors qu’il prépare le baccalauréat de philosophie à Reims, tout en profitant des vacances scolaires pour se rendre dans les clubs de jazz parisiens. Lorsque son père lui coupe les vivres, apprenant son échec au baccalauréat, il part pour Bruxelles où il se produit dans plusieurs clubs, accompagne Gilbert Bécaud lors de sa tournée en Belgique, avant de prendre la direction de l’orchestre d’une boîte de nuit bruxelloise alors en vogue, Les Anges noirs. L’un des ténors de la rumba congolaise, Joseph Kabasélé, dit Grand Kallé (1930-1983), père d’« Indépendance cha cha », l’hymne des indépendances africaines, s’y rend un soir de l’année 1960 et remarque la prestation du saxophoniste. Il l’engage dans son orchestre, l’African Jazz, et le ramène pour un temps en Afrique. Le jazz de Dibango se nourrit alors des musiques africaines traditionnelles et modernes. Avec sa femme Coco, rencontrée à Bruxelles, le musicien s’installe un temps à Léopoldville (aujourd'hui Kinshasa) où il ouvre son propre club, le Tam-Tam. En 1962, il commence une carrière discographique sous son nom, enregistrant une série de titres dont « Twist à Léo » (Léo pour Léopoldville), l’un de ses premiers succès. Retourné en France, il collabore avec Dick Rivers, Nino Ferrer, dont il devient le chef d’orchestre, tout en continuant à enregistrer plusieurs 45-tours sous son nom, puis un premier album, Saxy-Party, en 1969.
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Écrit par
- Patrick LABESSE : journaliste
Classification
Média
Autres références
-
Soul Makossa, DIBANGO (Manu)
- Écrit par Eugène LLEDO
- 541 mots
Dans les années 1950, le saxophoniste, pianiste et compositeur Manu Dibango (de son vrai nom Emmanuel Dibango N'Djocké) effectue des tournées au sein de diverses formations en Afrique et en Europe (il joue à Saint-Germain-des-Prés, en Belgique...). Il appartient, de 1956 à 1961, à l'African Jazz...