DIBANGO MANU (1933-2020)
« Papa Groove »
L'année 1972 est charnière pour Manu Dibango. Outre la parution d’African Voodoo, qui réunit des enregistrements destinés à l’origine à accompagner des films pour la publicité, la télévision et le cinéma – il composera par ailleurs plusieurs BO au cours de sa carrière –, il enregistre cette année-là « Soul Makossa », qui paraît initialement sur la face B du 45-tours de l’hymne qu’il a composé pour soutenir l’équipe de football du Cameroun où se déroule la 8e Coupe d’Afrique des nations. Inclus dans l’album O Boso, ce titre au groove irrésistiblement dansant se vendra à des millions d’exemplaires à travers le monde et sera « emprunté » plus tard, sans l’accord de son créateur, par Michael Jackson, Rihanna, Jennifer Lopez... En 1973, « Soul Makossa » lui ouvre les portes de l’Olympia ainsi que les pistes de danse des clubs africains puis américains, quand un DJ new-yorkais, tombé par hasard sur le 45-tours dans une boutique parisienne, le diffuse sur les ondes, de l’autre côté de l’Atlantique. Manu Dibango se voit invité au prestigieux Apollo Theater de Harlem, puis il collabore avec le Fania All Stars, fameux orchestre de salsa, en pleine ébullition, alors à New York. Par la suite, il s’installe pendant quatre années, entre 1975 et 1979, à Abidjan, en Côte d’Ivoire, où il dirige l’Orchestre de la Radiotélévision ivoirienne, avant de retourner à Paris poursuivre sa carrière. Il absorbe et reprend à sa manière reggae (il collabore notamment avec le tandem Sly Dunbar et Robbie Shakespeare), musique cubaine, sons urbains dans l’air du temps (hip-hop, électro), sans jamais oublier le jazz, fil rouge de toute sa vie. Au début des années 1990, il rassemble de nombreux artistes – Youssou N'Dour, Salif Keita, Ray Lema, Angélique Kidjo, Peter Gabriel ou encore le groupe Touré Kunda – pour un hommage aux musiques du continent africain (Wakafrika, 1994).
Musicien engagé, nommé artiste de l’UNESCO pour la paix en 2004, Manu Dibango a toujours mis sa notoriété au service des causes qui lui tenaient à cœur, telles que la faim dans le monde (il est à l’origine de l’opération Tam-Tam pour l’Éthiopie, en 1985), la libération de Nelson Mandela ou le réchauffement climatique.
Victime de l’épidémie de Covid-19, il meurt le 24 mars 2020 à Paris.
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Écrit par
- Patrick LABESSE : journaliste
Classification
Média
Autres références
-
Soul Makossa, DIBANGO (Manu)
- Écrit par Eugène LLEDO
- 541 mots
Dans les années 1950, le saxophoniste, pianiste et compositeur Manu Dibango (de son vrai nom Emmanuel Dibango N'Djocké) effectue des tournées au sein de diverses formations en Afrique et en Europe (il joue à Saint-Germain-des-Prés, en Belgique...). Il appartient, de 1956 à 1961, à l'African Jazz...