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MANU

Les quatorze Manu

Des quatorze Manu du présent kalpa, six ont déjà disparu ; nous vivons sous le signe du septième, Manu Vaivasvant ou Vaivasvata. Tous portent le nom fonctionnel de Manu, mais se différencient grâce à un second terme qu'on y adjoint, forme dérivée signifiant « issu de tel ou tel ». Celui dont ils proviennent est toujours le Principe premier, considéré tantôt sous un aspect, tantôt sous un autre : souvent Brahmā, en tant que personnification du brahman neutre, parfois le Soleil, manifestation lumineuse de ce même brahman.

Le premier en date des Manu du passé est Manu Svāyambhuva, fils de Svāyambhu, l'autonome, celui qui existe par soi, l'une des épithètes désignant Brahmā. Une légende raconte que celui-ci se scinda en deux éléments, l'un mâle, l'autre femelle. De ce couple descend Manu qui, lui-même, donne naissance aux dix prajāpati, géniteurs des créatures.

Le Manu suivant s'appelle Svārocisa, « né de celui qui est lumineux par soi-même » ; le troisième, Manu Auttamma, est « fils du Principe suprême » ; le quatrième, Tāmasa, « l'enfant des ténèbres », évoque le premier chapitre d'une œuvre célèbre, les Lois de Manu : « Au commencement il y avait le Cela, fait de ténèbres, indistinct, sans caractéristique, indéfinissable. » Le cinquième est Raivata, ou Revanta : les deux mots ont le même sens et mettent l'accent sur l'origine brillante de Manu, regardé plutôt ici comme le fils du Soleil. Le sixième, Cākṣuṣa, « né de ce qui se rapporte à l'œil », peut aussi tirer ce nom d'une origine solaire, le Soleil étant l'œil du ciel, ou faire allusion à une autre légende qui donne Brahmā comme issu de l'œil de l'Homme cosmique, le Puruṣa originel. Toutefois, la tradition qui, dans le Mahābhārata, impute cette provenance au dieu se rapporte au deuxième et non au sixième mahāyuga ou kalpa. L'actuel Manu, Vaivasvata, est le fils de Vaivasvant, le brillant, c'est-à-dire, une fois encore, du Soleil.

Quant aux sept Manu à venir, on les annonce comme devant être – du huitième au douzième compris – les enfants de Savarṇā, mais de pères différents, étant bien entendu que ceux-ci ne sont que différents aspects du Principe suprême : Sāvarṇa, fils du Soleil ; Dakṣasāvarṇa, fils de Dakṣa, l'un des ṛṣi (sages) des premiers temps ; Brahmasāvarṇa, né de Brahmā : Dharmasāvarṇa, enfant de la Loi suprême ; Rudrasāvarṇa enfin, issu du dieu Rudra-Śiva et qu'on appelle aussi Rudraputra, fils de Rudra. Le treizième Manu répondra au nom de Raucya, « né du brillant », encore une référence solaire ; celui qui clôt la liste des quatorze Manu de ce kalpa s'appellera Bhautya, terme qui inclut une idée de pouvoir et de fortune que le nom de Raivata impliquait déjà, jointe à celle de luminosité.

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Écrit par

  • : directeur d'études honoraire à l'École pratique des hautes études (Ve section)

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Autres références

  • MĀNAVADHARMAŚĀSTRA

    • Écrit par
    • 661 mots

    La tradition hindoue enseigne que l'humanité actuelle descend d'un homme qu'elle nomme Manu ; celui-ci appartient en fait à une race plus ancienne dont tous les représentants furent anéantis, sauf lui, dans un déluge. Manu, seul « juste » parmi des millions de méchants,...