ALVAREZ BRAVO MANUEL (1902-2002)
Une reconnaissance internationale
Très nettement progressiste, Manuel Alvarez Bravo ne cherchera pas à rendre compte de l'actualité pourtant houleuse de son pays dont il n'a conservé qu'une seule image, Ouvrier gréviste assassiné, étonnante composition faisant cohabiter violence et sérénité, et qui exprime sans ambiguïté son engagement. Son œuvre se développe en dialogue avec la poésie et la littérature de son pays, entre autres celles de son ami Juan Rulfo, l'auteur notamment de Pedro Paramo, lui-même excellent photographe. Il expose en 1956 au Museum of Modern Art de New York et, dès lors, son œuvre est montrée et collectionnée dans le monde entier. Il crée en 1959 le Fondo editorial de la plastica mexicana, organisme qui gère et publie de grands projets documentaires sur les expressions artistiques au Mexique, aussi bien indigènes qu'institutionnelles. Il en assurera la direction jusqu'en 1980. En 1981, il entreprend, à la demande de la fondation Televisa, une collection de photographies. Cette collection des grands maîtres de la photographie est déposée en 1986 au musée de la photographie de Mexico, désormais riche d'un fonds tout à fait original qui retrace l'histoire de cet art.
À partir des années 1970, Alvarez Bravo reçoit prix et honneurs dans le monde entier et se confirme comme l'un des grands inventeurs de la photographie moderne avec Cartier-Bresson, Kertèsz, Walker Evans et Man Ray notamment. Des expositions très importantes comme celle que lui consacre le Museo de arte moderno de Mexico en 1992 (Les Années décisives 1925-1945) ou la grande rétrospective du MoMA de New York en 1997 permettent de mieux apprécier la place de cette œuvre singulière, dans laquelle le paysage tient une place aussi importante que le nu. Depuis une dizaine d'années Alvarez Bravo se consacrait exclusivement au nu, comme pour souligner la place essentielle de la femme dans son travail, réalisant de somptueux tirages au platine de ses photographies les plus importantes. En 1999, la galerie Agathe Gaillard à Paris a présenté ses œuvres les plus récentes. En février 2002, la ville de Mexico lui rendit hommage par une exposition organisée au palais des Beaux-Arts.
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Écrit par
- Christian CAUJOLLE : directeur artistique de l'agence et de la galerie Vu, Paris
Classification
Média
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