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NARVÁEZ MANUEL RAMÓN MARÍA, duc de Valence (1800-1868)

Surnommé, pour sa brutale franchise militaire, el Espadón de Loja (le Glaive de Loja), Ramón María Narváez fait ses premières classes sous les ordres de Francisco de Espoz y Mina, un des héros militaires issus des luttes contre les troupes de Napoléon. En 1823, il combat en Catalogne contre l'expédition française des « Cent Mille Fils de Saint Louis », commandée par le duc d'Angoulême, pour aider au rétablissement de la monarchie absolue de Ferdinand VII.

Son rôle militaire est déjà important pendant la première guerre carliste. Il acquiert une grande popularité après sa victoire sur le général carliste Gómez près de Arcos, à Majaceite, et encore davantage en nettoyant la Manche et la Vieille-Castille des brigands et des carlistes qui la menacent. Il est nommé capitaine général de la Vieille-Castille et commandant en chef de l'armée de réserve. Sa rivalité avec Espartero et son entière adhésion à la cause de la régente Marie-Christine vont motiver son comportement à la fin de la guerre civile carliste. Après l'insurrection manquée de Séville, il se réfugie en France et prépare contre Espartero et ses amis progressistes une revanche éclatante. Il appartient au clan des modérés. À Paris, il dirige en fait l'Ordre militaire espagnol subventionné par l'ex-régente Marie-Christine. L'objectif de cette société était le suivant : « Rétablir et maintenir constamment la discipline, défendre les institutions de l'État et donner au trône la force et la splendeur indispensables pour fixer l'existence de la monarchie. » Il est un des chefs, sinon le chef des modérés, et son tempérament autoritaire en fait un adversaire redoutable et redouté.

La dictature d'Espartero renversée, Narváez, avec l'entier appui de la reine, est fait duc de Valence et impose la Constitution autoritaire de 1845. Sauf de brèves périodes de réaction progressiste ou de volonté conciliatrice, le général Narváez a été l'homme fort, el espadón, du règne d'Isabelle II. Après avoir occupé un poste d'ambassadeur à Paris en 1846-1847, il revient au pouvoir avec les modérés ; il agit surtout par décrets, réprime brutalement les émeutes républicaines et les menées insurrectionnelles carlistes (la seconde guerre carliste, allumée par le comte de Montemolín). Sa politique autoritaire éloigne progressivement du trône deux des appuis essentiels de la monarchie isabelline : la bourgeoisie libérale et modérée, et l'armée. Elle rompt totalement avec les démocrates et les progressistes et contribue grandement à provoquer la révolution de 1868, à la suite des fautes commises par la reine et ses courtisans. Narváez, centraliste, voulait tout contrôler. Il ôta toute représentativité aux autorités municipales, fit constamment obstacle aux tentatives de percée et de retour progressistes au pouvoir par la voie légale. Il fut ainsi à l'origine des tendances provincialistes, autonomistes, et il ne se fit pas faute de fusiller et d'emprisonner ses adversaires.

On lui doit la création, à la place des milices nationales et populaires, du corps de la garde civile, créé par décret du 13 mai 1844, institué pour « pourvoir au bon ordre, à la sécurité publique, à la protection des personnes et des biens au-dedans et au-dehors des agglomérations ». Il s'agissait d'un corps armé qui, à la différence de l'armée, était intégralement constitué de membres permanents, civils par leurs fonctions et militaires par leur organisation.

Sa disparition consacra la fin irrémédiable du règne d'Isabelle II. Cinq mois après sa mort, en effet, la dynastie des Bourbons abandonnait provisoirement ses États d'Espagne.

— Louis URRUTIA-SALAVERRI

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-VIII, directeur de l'Institut d'études hispaniques et hispano-américaines

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Autres références

  • ESPAGNE (Le territoire et les hommes) - De l'unité politique à la guerre civile

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