MARATHON, sport
Drames, défaillances, triomphes, tricheries : chaque marathon olympique peut réunir tous les ingrédients d'une épopée, d'une tragédie. Mais, aujourd'hui, le marathon est également l'occasion, pour des milliers de passionnés, de se confronter avec soi-même, d'aller au bout de ses limites physiques, de dépasser sa souffrance. La plupart des grandes métropoles organisent ces « marathons de masse », auxquels participent également les meilleurs champions, attirés par le montant plus que conséquent des primes d'engagement et de victoire.
Le marathon naît d'une idée du philologue et helléniste français Michel Bréal. L'histoire atteste que la bataille de Marathon eut bien lieu en 490 avant J.-C., mais la chevauchée du messager Philippidès est moins avérée... La flotte du roi de Perse Darius Ier, commandée par Datis, forte de vingt mille hommes, débarque dans la plaine de Marathon, à une quarantaine de kilomètres au nord-est d'Athènes, en septembre 490 avant J.-C. : la stratégie du Grand Roi est sans doute d'attirer l'armée loin d'Athènes pour permettre à ses partisans de prendre la cité. De fait, le stratège Miltiade, avec neuf mille hommes et mille Platéens alliés, se met en route. Alors qu'une partie des troupes perses rembarque pour se diriger vers le Phalère, Miltiade décide de passer à l'offensive et d'attaquer l'arrière-garde qui couvre l'opération ; les Perses ripostent et portent une attaque au centre de la plaine, mais les Athéniens répliquent, les encerclent par les ailes, les mettent en déroute et poursuivent les fuyards jusqu'aux navires où ils tentaient de se réfugier. La victoire athénienne est totale : six mille quatre cents soldats perses sont tués, alors que les pertes athéniennes se limitent à moins de deux cents hommes. C'est ici qu'intervient Philippidès. Ce jeune soldat, chargé par Miltiade d'annoncer la nouvelle du triomphe, part en courant de la plaine de Marathon pour rejoindre Athènes. Arrivé, il annonce la victoire aux édiles et s'écroule, mort d'épuisement.
En cette fin d'un xixe siècle qui fut marqué par l'hellénisme, Michel Bréal propose à Pierre de Coubertin d'inscrire la course de Marathon à Athènes au programme des Iers jeux Olympiques de 1896 pour commémorer l'événement. Le baron se dit séduit et retient l'idée. Le 10 avril, vingt-cinq concurrents prennent le départ à Marathon pour ce périple de 40 kilomètres. Le Français Albin Lermusiaux se trouve en tête, mais il renonce au trente-deuxième kilomètre, victime d'une chute et de la fatigue ; l'Australien Edwin Flack mène alors la course ; le berger grec Spiridon Louys le rejoint ; Flack, défaillant, abandonne. La rumeur se répand alors dans le stade Panathénaïque : un Grec – successeur en quelque sorte de Philippidès – est en passe de remporter le marathon olympique. Spiridon Louys, numéro 17, pénètre le premier dans le stade, ovationné par la foule ; il parcourt les 100 derniers mètres entouré de nombreux officiels et encouragé par le prince Constantin, ce qui oblige à interrompre les épreuves athlétiques en cours, puis est porté en triomphe jusqu'à la loge royale. Il devient un héros national. On peut déjà noter que le Grec Spiridon Belokas, arrivé en troisième position, est disqualifié car il a effectué une partie du trajet en automobile...
Dès lors, le marathon figurera toujours au programme olympique et sera très souvent marqué par de multiples rebondissements, des anecdotes, des injustices, des drames, des exploits... En 1900, à Paris, Michel Théato, un Luxembourgeois considéré par le palmarès comme français, gagne sous la canicule le « marathon des fortifs ». En 1904, à Saint Louis, quand Thomas Hicks, un ouvrier métallurgiste du Massachusetts, pénètre dans[...]
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
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Autres références
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ATHÈNES (JEUX OLYMPIQUES D') [1896] - Chronologie
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