MARAVI
Ensemble de populations bantoues réparties sur les deux rives de la partie sud du lac Malawi (anc. Nyassa). Venus du bassin du Congo vers le xvie siècle, les Maravi formèrent une vaste confédération. Aujourd'hui, ils constituent un ensemble relativement diversifié, dont les principaux groupes sont les Chewa, les Nyanga, les Nsenga et les Cikunda. Les Maravi constituent le groupe ethnique les plus important de l'actuel Malawi (environ 58 p. 100 de la population — soit 7 millions de personnes — dans les années 2000) ; ils sont présents dans les régions limitrophes de la Zambie et du Mozambique.
L'agriculture constitue l'activité principale des Maravi, mais l'élevage bovin est pratiqué partout où la présence de la mouche tsé-tsé ne l'interdit pas. La dispersion du groupe entraîne une grande diversité de productions agricoles : le maïs, cultivé dans les régions de collines, et le mil, dans les plaines alluviales, fournissent la base de l'alimentation ; selon les régions s'y ajoutent les bananes, le riz, le sorgho, le manioc, les ignames et les fèves. Le tabac, le café, la canne à sucre et le coton sont les principales cultures commerciales. À proximité des villages, les cultures sur buttes sont protégées des incursions du bétail par des clôtures. La chasse, individuelle et collective, ainsi que la pêche en barque sur le lac Malawi apportent un complément de ressources. Dans la période précoloniale, les Maravi étaient réputés comme tisserands et surtout comme forgerons et orfèvres ; ils participaient également au commerce de l'ivoire, très important dans toute la région. Certains villages riverains sont construits sur pilotis.
L'organisation sociale maravi est de type matrilinéaire ; la résidence est matrilocale et l'héritage se transmet de l'oncle au fils de la sœur ; les clans sont exogames. Comme chez les Yao (ethnie voisine), le frère aîné jouit d'une grande autorité sur ses sœurs et sur ses cadets ; les maris de ses sœurs doivent lui fournir d'importantes prestations. L'ensemble de la société est fortement hiérarchisé : regroupés en chefferies, les villages ont à leur tête un chef local qui jouit de prérogatives étendues ; celui-ci répartit les terres entre les différentes familles, touche des tributs sur les récoltes, sur le produit des arbres fruitiers et des ruches qui, en théorie, sont sa propriété. Un culte villageois est rendu à ses ancêtres. L'esclavage domestique était autrefois largement répandu ; les esclaves étaient soit capturés, soit achetés ; l'esclavage pour dettes était pratiqué.
Le culte des ancêtres constitue l'aspect le plus important des croyances des Maravi ; dans l'ensemble, celles-ci ont résisté à l'islamisation et à la christianisation. La sorcellerie est largement développée ; la détection des sorciers implique des ordalies au poison, autrefois pratiquées sur les suspects eux-mêmes, aujourd'hui opérées par volailles interposées.
L'initiation des jeunes gens donne lieu à d'importantes fêtes rituelles, qui sanctionnent l'entrée de l'initié dans la « société des hommes » ; cette dernière joue le rôle principal dans les cérémonies et les fêtes villageoises. À la différence des Yao, les Maravi initient également les jeunes filles, qui subissent, à cette occasion, une période de réclusion. Lors des funérailles, on détruisait autrefois la case du défunt par le feu.
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Écrit par
- Roger MEUNIER : chargé de cours à l'université de Paris-VIII, assistant de recherche à l'École pratique des hautes études
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