BLONDEL MARC (1938-2014)
Blondel « patron » de F.O.
Le 4 février 1989, au XVIe congrès de la C.G.T.-F.O., Marc Blondel est élu après des débats houleux avec 53,6 p. 100 des voix contre Claude Pitous, le dauphin déclaré d’André Bergeron. Pour prendre la direction de la centrale, Blondel s’est allié avec la minorité trotskyste-lambertiste des militants du Mouvement pour un parti des travailleurs (ex-Organisation communiste internationaliste) et avec celle de l’Union anarcho-syndicaliste conduite par Alexandre Hébert et l’Union départementale de la Loire-Atlantique. Une partie des fidèles de Pitous quittera la Confédération pour rejoindre l’Union nationale des syndicats autonomes, fondée en 1993.
Alors qu’à chaque négociation avec le patronat André Bergeron avait l’habitude de dire : « Il y a du grain à moudre », Blondel tonne à la tribune : « Il n’y a désormais plus de grain à moudre. » Le nouveau secrétaire général abandonne les positions très réformistes d’André Bergeron pour faire de F.O. un syndicat beaucoup plus revendicatif. Au congrès de 1992, il recueille 98 p. 100 des suffrages, à celui de 1996 85 p. 100 et, en 2000, pour son dernier mandat, il est ovationné. En 1995, en pointe contre le plan Juppé de réforme des retraites, Marc Blondel prône un rapprochement avec la C.G.T. et s’oppose à la C.F.D.T., qui vient d’accepter ce plan. Sous le gouvernement Jospin (1997-2002), il n’est guère favorable au passage brutal aux 35 heures, qui permet au patronat d’obtenir le gel des salaires et beaucoup de flexibilité dans l’organisation du travail.
En février 2004, il quitte ses fonctions à la tête de F.O., où il est remplacé par son poulain, Jean-Claude Mailly. Retiré à Oysonville dans l’Eure-et-Loir, il reste très actif : il est président de l’Association des amis de Fred Zeller et de l’Association des amis de Léon Jouhaux (secrétaire général de la C.G.T. de 1909 à 1947 et président de la C.G.T.-F.O. de 1948 à 1954). Défenseur infatigable de la laïcité, il est élu président de la Fédération nationale de la libre-pensée en 2007. Rattrapé par la maladie, il meurt dans la nuit du 16 mars 2014. À l’annonce de son décès, son successeur Jean-Claude Mailly lui rend hommage en déclarant : « Force ouvrière sans Blondel n’aurait pas été Force ouvrière. »
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Christophe CHICLET
: docteur en histoire du
xx e siècle de l'Institut d'études politiques, Paris, journaliste, membre du comité de rédaction de la revueConfluences Méditerranée
Classification
Média
Autres références
-
CGT-FO (Confédération générale du travail-Force ouvrière)
- Écrit par Encyclopædia Universalis et René MOURIAUX
- 1 828 mots
- 1 média
...enseignants, en concurrence avec la F.E.N., y est confirmée. André Bergeron abandonne ses fonctions en février 1989. Mais sa succession a été mal préparée et le XVIe congrès préfère Marc Blondel, partisan d'un « syndicalisme de contestation », à Claude Pitous, plus proche de l'ancien secrétaire général....