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DESGRANDCHAMPS MARC (1960- )

L’image diaphane

À ces méthodes, Marc Desgrandchamps substitue au milieu des années 1990 un mode de déclinaison pictural témoignant de la superposition d’éléments translucides. À partir de cette période, formes et motifs, par leur nature fragmentaire et/ou tronquée pas toujours identifiable, se délitent sous un ciel méditerranéen : cette désagrégation vient renforcer la fluidification de la matière picturale. L’artiste consolidera cette voie tout au long de la décennie à venir, délaissant cependant progressivement les effets hypertrophiés de fluidifications et de transparences au profit d’une ré-opacification des figures. Ces va-et-vient entre vecteurs abstraits et éléments figuratifs, parfois combinés au sein d’une même réalisation, font que son œuvre résiste à toute forme de classification rigide et hâtive. Sa production trouve certes légitimement sa place au sein des histoires et scènes de la peinture dite figurative, mais les différentes sources convoquées par l’artiste démontrent que son œuvre ne saurait se réduire à une enveloppe exclusivement picturale.

Indépendamment des sources photographiques glanées sur Internet ou extraites de publications diverses, voire tirées de son propre album, Marc Desgrandchamps n’a en effet cessé depuis les années 1990 de parsemer ses travaux, pour la plupart sans titre, d’images de films, allusives ou précises, notamment sous forme de photogrammes ou d’arrêts sur images, dont il retiendra des détails, compositions ou atmosphères. Ce sont des films – notamment d’Antonioni, Bergman, Rohmer, Marker, von Trier ou Doniol-Valcroze – aux contenus et qualités desquels il peut être sensible, mais dont l’intérêt peut aussi se limiter à une scène, souvent insignifiante, qui a accroché son regard et dans laquelle il entrevoit une « opportunité d’image » ou un « stimulus visuel ». Ses relations avec le cinéma peuvent également se manifester à travers la reconversion picturale de propriétés ou d’effets filmiques (fondus enchaînés, faux raccords, montages, etc.). Les compositions de Marc Desgrandchamps répondent en tout cas à une manière de procéder similaire : le peintre définit et circonscrit dans un premier temps un lieu ou un site ; dans un second temps, il y incruste des nus, ses figures dites « décisives ». Fusionnant ces contenus avec les contenants picturaux (entrelacs polychromes, transparence, superpositions, coulure), l’artiste parvient à faire se rejoindre en une même œuvre figuration et abstraction.

— Erik VERHAGEN

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Écrit par

  • : maître de conférences en histoire de l'art contemporain à l'université de Valenciennes, critique d'art, commissaire d'expositions

Classification

Média

<it>Sans titre</it>, Marc Desgrandchamps - crédits : A. Wetter/ Fondation Salomon, Alex

Sans titre, Marc Desgrandchamps