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MARC EUGENIKOS saint (1392-1444) métropolite d'Éphèse (1437-1444)

Vénéré dans l'Église orthodoxe comme un confesseur de la foi, saint Marc Eugenikos, métropolite d'Éphèse, formé à la célèbre Académie patriarcale, fut marqué par la tradition palamite et plus particulièrement par la pensée de Nicolas Cabasilas. Celui-ci assumait et rectifiait l'apport augustinien, tardivement connu en Orient, par la notion du salut par l'amour, donc dans la liberté ; cette perspective amena Marc Eugenikos à réfléchir sur le thème de la prédestination qui, presque inconnu en Orient, ne cesse dès lors de s'affirmer dans la pré-Réforme occidentale. Marc distingue la prescience de Dieu et la prédestination : si la première est absolue, la seconde est relative, rien ne pouvant ébranler le mystère de la liberté.

Toutefois, les controverses de l'époque attirent surtout l'attention du métropolite d'Éphèse sur la question du Filioque. L'empereur Jean VIII, aux abois, souhaite un accord théologique avec Rome dans l'espoir d'obtenir contre les Turcs l'aide de l'Occident. Des théologiens « latinophones », tel Bessarion, sont prêts à accepter, dans le fond sinon dans la forme, les conceptions de la scolastique sur la « procession » de l'Esprit. Dans ses Chapitres syllogistiques, Marc Eugenikos critique impitoyablement le filioquisme tel que l'a dogmatisé, en 1274, le concile de Lyon : dire que « l'Esprit procède du Père et du Fils comme d'un seul principe », c'est ou bien confondre le Père et le Fils dans l'essence commune de la Trinité, ou bien reconnaître à celle-ci deux principes et donc compromettre la « monarchie » du Père.

Au concile d'union de Ferrare-Florence (1438-1439), Marc d'Éphèse, désigné comme légat par le patriarche d'Antioche, défend courageusement la tradition contre les compromis que veulent imposer l'empereur Jean VIII et le patriarche de Constantinople Joseph II. Il s'oppose à la formule qui, le 8 juin 1439, marque en fait le triomphe du filioquisme. Il est écarté des derniers travaux. Le 6 juillet 1439, il est seul à refuser de signer l'Acte d'union. Mais c'est lui qui représente la conscience de son Église. Déposé, il anime à Constantinople un puissant mouvement de protestation qui gagne l'ensemble du monde orthodoxe. Il meurt en prison, après avoir gagné à la résistance Georges Scholarios, qui sera le premier patriarche de Constantinople sous la domination ottomane et mettra officiellement fin à l'union.

— Olivier CLÉMENT

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, professeur à l'Institut Saint-Serge de Paris

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