FERRO MARC (1924-2021)
Marc Ferro est un historien français dont les travaux, principalement consacrés au xxe siècle, constituent une œuvre d’ampleur, remarquable par son éclectisme, de la révolution russe à l’histoire de Vichy ou celle de la Grande Guerre. Il est en même temps l’un des pionniers de l’analyse filmique en histoire, volontiers divulguée à un large public.
Épreuves historiques, travail d’historien
La vie de Marc Ferro est marquée par des événements et des engagements précoces qui orienteront en partie ses intérêts de recherche. Né à Paris le 24 décembre 1924, élève au lycée Racine, il connaît l’exode en 1940, puis le départ en zone non occupée en 1941, pour échapper à la politique antisémite de Vichy dont sa mère sera victime en déportation. Étudiant à Grenoble à partir de 1942, il rejoint au même moment un réseau de résistance dont fait également partie Annie Becker (la future historienne Annie Kriegel) puis, en juillet 1944, le maquis du Vercors où il survit à l’assaut donné par les Allemands.
Après-guerre, il devient professeur d’histoire à Paris, puis à Oran (Algérie) à partir de 1948, où il prend conscience du fait colonial. Alors que la guerre d’Algérie débute, en 1954, il contribue à fonder Fraternité algérienne, un mouvement progressiste qui disparaît avec l’amplification des violences en 1956. Bien que n’ayant pas obtenu l’agrégation d’histoire, il fait une série de rencontres qui vont influer sur sa carrière : celle de Pierre Renouvin qui oriente sa thèse de troisième cycle vers la révolution russe de 1917 et le fait entrer au CNRS, celle de l’équipe des Cahiers du monde russe et soviétique, qui lui permet d’effectuer des séjours d’étude en URSS où il parvient à obtenir l’accès à des archives rares, bien qu’il n’ait aucune prédisposition, linguistique en particulier, pour ce champ de recherches.
Cela débouche sur un ouvrage publié en 1967, La Révolution de 1917, parmi les premiers à étudier la politisation populaire en 1917, prolongé par un important article sur « Le soldat russe en 1917 » dans les Annales (1971) et par une thèse d’État (1976), toujours centrée sur la révolution de 1917, mais qui en complexifie la compréhension en montrant l’importance, à côté des soviets ou du parti bolchevik, d’autres instances comme les comités d’usine ou de quartier.
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Écrit par
- André LOEZ : agrégé, docteur en histoire, professeur en classes préparatoires
Classification
Médias
Autres références
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LE LIVRE NOIR DU COLONIALISME (dir. M. Ferro)
- Écrit par Benjamin STORA
- 999 mots
L'idée coloniale et le colonialisme lui-même sont-ils à ranger au magasin des accessoires de l'histoire ? Tout le monde ou presque réprouve aujourd'hui la colonisation, alors que cette aventure humaine continue de hanter l'imaginaire collectif des uns (les héritiers des colonisateurs)...