MARCEAU FRANÇOIS SÉVERIN MARCEAU-DESGRAVIERS dit (1769-1796)
Né à Chartres, soldat à seize ans, sergent en 1789, Marceau s'engage dans la garde nationale par patriotisme aussitôt après la prise de la Bastille ; volontaire en 1791, il intervient énergiquement en août 1792 pour empêcher son unité de suivre La Fayette qui voulait entraîner l'armée à marcher contre Paris. Sa brève mais éclatante carrière militaire connaît ensuite deux périodes. En Vendée tout d'abord, où il se lie d'une amitié profonde avec Kléber, il succède comme commandant en chef au brave général sans-culotte Rossignol (parfaitement honnête mais passablement borné) et remporte les batailles du Mans et de Savenay qui mettent fin à la « grande guerre » vendéenne ; il s'est toujours comporté, au plus âpre de la guerre civile, avec une humanité chevaleresque et a été victime de plus d'une accusation pour avoir mis tous ses soins à dérober des femmes à l'arrestation ou des prisonniers aux mauvais traitements. Il se retrouve ensuite, en mai 1794, à la tête d'une division sous les ordres de Jourdan, de concert avec son inséparable ami Kléber, et après Fleurus il prend une part glorieuse à toutes les campagnes de l'armée de Sambre et Meuse. En septembre 1796, chargé de couvrir la retraite de l'armée, il repousse pendant le temps nécessaire les forces de l'archiduc Charles mais, frappé mortellement d'une balle, il doit être abandonné dans les lignes autrichiennes ; l'archiduc vient lui-même s'incliner devant son adversaire agonisant et négocie une trêve pour pouvoir lui rendre les honneurs funèbres.
Encore vivant, Marceau était déjà légendaire pour son héroïsme et sa droiture ; approfondissant d'année en année ses dons de commandement, il était en passe de devenir l'égal de Kléber, son mentor du temps de la Vendée. Mais une mélancolie déjà romantique se faisait souvent jour au sein de son enthousiasme ; et peut-être était-il resté trop sensible pour devenir un parfait homme de guerre. « Ne me parle pas de mes lauriers, écrivait-il à sa sœur qui le félicitait d'une de ses victoires ; ils sont trempés de sang humain. »
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Écrit par
- Jean MASSIN : écrivain
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