CAMUS MARCEL (1912-1982)
Le festival de Cannes, en 1959, devait être marqué par le retour en force du cinéma français. Tandis que Les Quatre Cents Coupsrévélaient François Truffaut et la nouvelle vague au grand public, Marcel Camus remportait la palme d'or et un succès mondial immédiat grâce à Orfeu Negro. Ce deuxième film du metteur en scène avait tout pour connaître une carrière triomphale : un beau scénario, adapté d'une pièce de Vinicius de Moraes et calqué sur le mythe orphique, habilement acclimaté à l'ambiance colorée du carnaval de Rio de Janeiro, une musique brésilienne typique (Antonio Carlo Jobim et Luiz Bonfá), de somptueuses images, des comédiens-chanteurs noirs pleins de charme, Marpessa Dawn, Brenno Mello et Lourdes de Oliveira (qui allait devenir l'épouse de Marcel Camus), une mise en scène, enfin, d'un classicisme irréprochable. Il y avait de quoi rendre jaloux plus d'un, et on pardonna mal au presque débutant qu'était Camus ses millions de spectateurs et l'oscar du meilleur film étranger, qui lui fut décerné à Hollywood en 1959.
Revers de la médaille : Marcel Camus reste l'homme d'un seul film, même si cet ancien professeur de dessin ardennais a connu au moins un autre succès public avec une évocation drolatique du débarquement, Le Mur de l'Atlantique (1970), interprété par Bourvil.
Venu au cinéma sur une recommandation de son oncle, Roland Dorgelès, Marcel Camus fut d'abord l'assistant de Henri Decoin (La Fille du diable), de Marcel Blistène (Macadam), puis de Jacques Becker (Antoine et Antoinette ; Rue de l'Estrapade), avant de faire ses premiers pas de réalisateur avec une adaptation honnête du roman de Jean Hougron, Mort en fraude (1957). Mais, après Orfeu Negro, ses autres tentatives « exotiques », qu'elles soient brésiliennes (Os Bandeirantes, 1960 ; Otalia de Bahia, 1976) ou cambodgiennes (L'Oiseau de paradis, 1962), se solderont par des échecs, tout comme son adaptation du Chant du monde de Giono (1965).
En revanche, la télévision permettra à Marcel Camus de retrouver la faveur du public, grâce à une série sur les pionniers de l'aviation, Les Faucheurs de marguerites, et à des téléfilms consacrés à Molière et à Voltaire. Sa dernière réalisation pour le petit écran était encore une adaptation littéraire, celle du Féminin pluriel de Benoîte et Flora Groult.
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Écrit par
- Robert de LAROCHE : journaliste à Radio-Monte-Carlo
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