CERDAN MARCEL (1916-1949)
Surnommé le « Bombardier marocain », bien qu'il soit né à Sidi Bel Abbès (Algérie) le 22 juillet 1916, le boxeur Marcel Cerdan, en raison de son talent exceptionnel mais aussi de son destin tragique, demeure l'une des personnalités sportives les plus chères au cœur des Français.
Marcel Cerdan passe sa jeunesse à Casablanca, où sa famille s'est installée en 1922. C'est là qu'il conquiert, en 1938, le titre de champion de France des welter contre Omar Kouidri. Entraîné par Lucien Roupp, il remporte son premier succès d'importance en dominant, au Vél' d'Hiv' de Paris, Gustave Humery le 20 mai 1938. Cerdan considérait que ce combat, qu'il remporta par K.O. au sixième round, fut le plus dur de sa carrière : durant les cinq premiers rounds, il fut en effet saoulé de coups par son adversaire sans pouvoir les parer. Le 3 juin 1939, il devient champion d'Europe des welter, s'imposant face à l'Italien Severio Turiello. Marcel Cerdan voit sa carrière contrariée par la guerre. Démobilisé à la fin de 1940, il défend néanmoins victorieusement son titre européen des welter en battant l’Espagnol José Ferrer le 30 septembre 1942 au Vél' d'Hiv'. En 1944, à Alger puis à Rome, il remporte le Critérium interalliés des welter. Puis, combattant désormais chez les moyens, il bat, au Vél' d'Hiv', le champion de France de la catégorie, Assane Diouf (K.O. au troisième round), le 30 novembre 1945, puis Robert Charron (aux points) le 25 mai 1946.
Toujours en 1946, il traverse l'Atlantique et domine l'Américain Georgie Adams – première étape vers le titre de champion du monde. Le 2 février 1947, en battant, au palais des Expositions à Paris, le Belge Léon Fouquet (K.O. au premier round), il s'empare du titre vacant de champion d'Europe des poids moyens. Néanmoins, le 23 mai 1948, il perd ce titre : au Heysel de Bruxelles, il est battu par le Belge Cyrille Delannoit (aux points, en quinze rounds). Il prend sa revanche face à ce même adversaire, en juillet, au palais des sports de Bruxelles, et récupère sa ceinture européenne.
Malgré les réticences des Américains, Marcel Cerdan obtient enfin sa chance pour le titre mondial, le 21 septembre 1948 : au Roosevelt Stadium de Jersey City, il sape la résistance de Zale par ses crochets du gauche et l'envoie au tapis à la onzième reprise. À l'appel du douzième round, Zale ne repart pas au combat et abandonne.. À son retour en France, le « Bombardier marocain » est fêté comme un héros national. Dès sa descente d'avion à Orly, il est porté en triomphe. Il regagne Paris en décapotable et défile dans la capitale, acclamé par des milliers de personnes massées sur les trottoirs. Le 16 juin 1949, à Detroit, il doit céder son titre à Jake La Motta. Mais chacun considère cette défaite, par abandon au dixième round (la seule défaite avant la limite de sa carrière), comme un simple accident – Marcel Cerdan était blessé à l'épaule depuis la deuxième reprise – et attend le match revanche. Reporté une première fois, le combat doit se tenir le 2 décembre 1949 au Madison Square Garden de New York. Le 27 octobre 1949, Marcel Cerdan s'envole pour les États-Unis à bord d'un Constellation dans lequel se trouve également la violoniste Ginette Neveu. Dans la nuit, l'avion s'écrase contre une montagne des Açores. La France entière pleure avec Édith Piaf – avec qui il a noué une idylle et qui a composé pour le champion l'une de ses plus belles chansons, L'Hymne à l'amour – le champion trop tôt disparu.
Marcel Cerdan a disputé cent vingt-trois combats chez les professionnels et n'a subi que quatre défaites. Capable d'enchaîner les coups à une vitesse incroyable, il possédait un punch exceptionnel. Si sa droite était fragile (sa main droite,[...]
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
Classification
Médias