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DÉAT MARCEL (1894-1955)

D'origine modeste, Déat fait des études brillantes : en juillet 1914, il est reçu à l'École normale. La même année, il adhère à la S.F.I.O. Après la guerre, qu'il termine avec le grade de capitaine, il passe l'agrégation de philosophie et est nommé professeur à Reims. Sa carrière politique débute en 1925 par un mandat de conseiller municipal. L'année suivante, il entre à la Chambre des députés à la faveur d'une élection partielle. Battu en 1928, il est réélu en 1932 dans le quartier de Charonne après une très vive campagne contre Jacques Duclos. Dans Perspectives socialistes (1931), il développe une réflexion théorique qui l'éloigne du marxisme et, au congrès de 1933, il est, avec Marquet et Renaudel, à l'origine de la scission des néo-socialistes : il devient secrétaire général du Parti socialiste de France fondé par Renaudel, puis, en 1936, de l'Union socialiste et républicaine (U.S.R.), groupe qui, par anticommunisme, refuse son adhésion au Front populaire. Aux élections de 1936, Déat, ministre de l'Air depuis janvier dans le gouvernement Sarraut, est battu par le candidat communiste. À la faveur d'une élection partielle, il sera réélu en avril 1939, à Angoulême cette fois, comme candidat du Rassemblement anticommuniste : entre-temps, il a pris des positions très hostiles au P.C.F. et, surtout, résolument munichoises. Le 4 mai 1939, il publie dans L'Œuvre son célèbre article « Mourir pour Dantzig ? ». En octobre 1939, lorsque la guerre a éclaté, il est d'ailleurs compromis dans l'affaire du tract « Paix immédiate », diffusé par le pacifiste Lecoin, auquel il niera cependant avoir donné sa signature. Après l'armistice, ayant vainement tenté de faire adopter son projet de parti unique, il s'éloigne de Vichy, reprend sa collaboration très assidue à L'Œuvre et fonde, en janvier 1941, le Rassemblement national populaire (R.N.P.) qui se veut à la fois socialiste et européen mais refuse de condamner globalement la démocratie. Cependant, Déat prône de plus en plus résolument une alliance totale avec l'Allemagne nazie, en laquelle il voit le modèle à suivre, et il fait ainsi figure d'ultra-collaborationniste. À ce titre, il devient le 17 mars 1944 ministre du Travail et de la Solidarité nationale de Laval, dont il condamne pourtant la modération. Il est amené à appuyer les revendications allemandes en matière de main-d'œuvre. Il fait partie de ceux qui, en août 1944, s'enfuient volontairement en Allemagne et il conserve ses fonctions de ministre du Travail dans la « commission gouvernementale » formée à Sigmaringen, à l'instigation des nazis, par Fernand de Brinon. Vers le 15 avril 1945, il réussit à quitter l'Allemagne pour l'Italie et se réfugie dans un couvent près de Turin où il terminera sa vie. Il laisse d'intéressants Mémoires inédits où il insiste sur la cohérence de sa pensée, qui ne s'éloigna jamais en effet d'une forme de socialisme diffus, résolument antimarxiste. Mais son instabilité politique, son ambition personnelle assez vite aigrie ont sans doute joué un rôle non négligeable dans la détermination de ses choix politiques.

— Guy ROSSI-LANDI

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Écrit par

  • : docteur ès sciences politiques, maître de conférences à l'Institut d'études politiques de Paris

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    ...qualificatif de réactionnaire leur convient bien mieux que celui de totalitaire. Les deux mouvements les plus proches du fascisme sont le néo-socialisme de Marcel Déat et le Parti populaire français lancé par Jacques Doriot. Tous deux venaient de la gauche et tentaient la synthèse du national et du social,...