GRIAULE MARCEL (1898-1956)
Si Marcel Griaule est surtout connu pour ses travaux sur la mythologie des Dogon du Mali, il est aussi un personnage clé de la professionnalisation de l’ethnologie française. Élève de l’Institut d’ethnologie dès sa création en 1925, ce pionnier des recherches de terrain dirige entre 1928 et 1939 cinq missions ethnographiques à destination de l’Afrique. En janvier 1941, il devient secrétaire général de l’Institut d’ethnologie avant d’être élu, l’année suivante, à la première chaire française d’ethnologie, à l‘université de Paris. Après la guerre, ses recherches en pays dogon prennent une nouvelle direction : délaissant les monographies totalisantes, il privilégie désormais les discours savants de ses principaux informateurs afin d’isoler un système symbolique et une cosmogonie qui régiraient selon lui l’ensemble de la société dogon. Les dix-sept ouvrages dont il est l’auteur couvrent des domaines très variés : l’ethnologie bien sûr, mais aussi l’art, la littérature, la philologie ou l’actualité politique.
De l’aviation à l’ethnographie
Avant de s’orienter vers l’ethnologie, Marcel Griaule est observateur aérien dans l’armée de l’air avec le grade de sous-lieutenant. Ce n’est qu’à vingt-cinq ans qu’il reprend des études supérieures en suivant les cours du linguiste Marcel Cohen et du sociologue Marcel Mauss à l’École nationale des langues orientales, à l’École pratique des hautes études ou, à partir de 1925, à l’Institut d’ethnologie. Ces deux professeurs seront ses principaux mentors dans l’entre-deux-guerres. Avec Cohen, il apprend notamment deux langues éthiopiennes – l’amharique et le guèze – tandis que Mauss le forme aux méthodes d’enquête ethnographiques. Au cours de sa carrière d’ethnologue, Marcel Griaule gardera de son expérience militaire d’observateur aérien une passion pour l’aviation et la photographie aérienne, une volonté de quadriller et de maîtriser ses terrains d’enquête, ainsi qu’un regard distant et surplombant sur la société étudiée.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Eric JOLLY : anthropologue, chargé de recherche au CNRS, Institut des mondes africains
Classification
Autres références
-
DIEU D'EAU (M. Griaule)
- Écrit par Eric JOLLY
- 971 mots
Publié fin 1948, Dieu d’eau se présente comme une chronique des entretiens quotidiens entre un vieil aveugle dogon, Ogotemmêli, et l’ethnologue français Marcel Griaule, lors de la mission ethnographique Niger de 1946. L’ouvrage marque un tournant dans l’œuvre de ce célèbre spécialiste des...
-
AFRIQUE NOIRE (Arts) - Aires et styles
- Écrit par Claire BOULLIER , Geneviève CALAME-GRIAULE , Michèle COQUET , Encyclopædia Universalis et François NEYT
- 15 151 mots
- 2 médias
...longtemps frappé les visiteurs par la hardiesse de son architecture, la vitalité de ses rites, la beauté de son art et de ses manifestations culturelles. Leur « découverte » scientifique en 1931 par la mission Dakar-Djibouti dirigée par Marcel Griaule, et les nombreuses publications qui ont suivi... -
ANTHROPOLOGIE
- Écrit par Élisabeth COPET-ROUGIER et Christian GHASARIAN
- 16 158 mots
- 1 média
...le mythe, la cosmogonie comme systèmes de représentation du monde et de la personne : J. Guiart et P. Métais se tournaient vers le monde océanien ; M. Griaule et son école (G. Dieterlien, D. Paulme, D. Zahan) découvraient les populations de la zone sahélienne et les célèbres Dogons, qui, par leurs mythes,... -
ANTHROPOLOGIE RÉFLEXIVE
- Écrit par Olivier LESERVOISIER
- 3 448 mots
...n'aient pas réfléchi à leurs conditions d'enquête ni qu'ils en aient ignoré la dimension subjective. Des anthropologues tels que Bronislaw Malinowski ou Marcel Griaule ont ainsi attiré l'attention sur cette « part personnelle » dans le processus d'enquête, mais sans pour autant lui accorder une véritable... -
BAMBARA
- Écrit par Jean BAZIN
- 2 611 mots
- 2 médias
Bambara est certainement l'un des ethnonymes les plus célèbres d'Afrique de l'Ouest, sans qu'il ait jamais pour autant désigné une population strictement identifiable et aisément délimitable sur le terrain. Sa notoriété, au contraire, est à la mesure de la grande diversité de ses usages. Il y a toujours...
- Afficher les 12 références