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HANOUN MARCEL (1929-2012)

Marcel Hanoun est né à Tunis le 22 octobre 1929. Contemporain de la Nouvelle Vague, il réalise son premier long-métrage en 1958 mais demeure isolé, même si, au début, Jean-Luc Godard loue, dans les Cahiers du cinéma, l'avènement de cet « outsider ». Ses recherches ne seront, par la suite, prises en considération ni par les membres issus du tronc central de cette galaxie (Rivette, Truffaut, Chabrol) ni par sa branche dite « rive gauche » (Resnais, Varda, Marker), dont Hanoun se rapproche pourtant par son goût de l'essai filmé. Il pratique un cinéma de poésie où la forme prend souvent le dessus sur le récit. Ses films relèvent de l' « abstraction narrative ». De cet ensemble se détache une composition chorale et symphonique, les Quatre Saisons (L'Été, 1968 ; L'Hiver, 1969 ; Le Printemps, 1970 et L'Automne, 1972). Soutenu par Jonas Mekas, qui le considère comme le cinéaste français le plus important depuis Robert Bresson, le milieu expérimental en fait, dans les années 1970, un de ses mentors. Mais les difficultés financières l'obligent à poursuivre, à partir de 1988, son travail en vidéo. Il en émerge aussi des chefs-d'œuvre tel Jeanne, aujourd'hui (2000).

Photographe et journaliste, Marcel Hanoun entre en cinéma vers 1955 avec un documentaire sur Gérard de Nerval (Gérard de la nuit), suivi par un court-métrage consacré à l'entrée des chars soviétiques à Budapest (Des hommes qui ont perdu racine, 1956). Son premier long-métrage, Une simple histoire (1958), prolonge cette veine documentaire tout en y insérant des recherches sur le langage que l'auteur développera par la suite. Le film nous montre, dans un registre proche de celui du néo-réalisme, le quotidien d'une femme désargentée qui débarque à Paris avec sa fillette. Cette réflexion sur les rejetés de la société – que l'auteur poursuit avec encore plus d'acuité à partir des années 1990 – se double d'une mise en cause de la structure du récit au moyen de distanciations multiples établies, d'une part, grâce au recours au flash-back et, d'autre part, par la désynchronisation d'une voix-off qui reprend les paroles prononcées par les acteurs sans que ces dernières soient pour autant effacées.

Avec Octobre à Madrid (1964), le réalisateur signe le premier film qui va servir de matrice à une partie importante de ses travaux : y domine la réflexion sur l'outil caméra et l'écriture cinématographique, faisant fi de la psychologie et de la continuité dramatique. Établi dans la capitale espagnole pour réaliser quelques documentaires, Hanoun ébauche, sous nos yeux, les diverses étapes d'un film en gestation. L'auteur transforme ses hésitations, ses doutes, et les conditions difficiles de travail en matériaux constitutifs de l'œuvre. Cette problématique se poursuit dans L'Hiver (1969), L'Automne (1972) et Un film (autoportrait) (1983), et se trouve mêlée, avec d'autres stratégies esthétiques, à une grande partie de sa filmographie.

Bien que documentariste à l'origine, Hanoun se refuse à confectionner des reportages. Tous ses films sont cependant ancrés dans leur époque. Ainsi, c'est un personnage imaginaire qui est mis en scène dans L'Authentique Procès de Carl Emmanuel Jung (1967), film centré sur un criminel nazi. Le fait-divers et ce qu'il dénonce sont vrais, même si le personnage est imaginaire. À travers la mise en crise des procédés classiques d'organisation cinématographique, appliquée ici à la peinture d'un refoulé particulièrement puissant (la culpabilité face aux crimes de guerre), Hanoun bâtit une esthétique faite de ruptures, de collages, et qui nécessite de la part du spectateur un profond investissement personnel.

Les films d'Hanoun génèrent, d'une manière organique, un langage spécifique qui subvertit[...]

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