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JOUHANDEAU MARCEL (1888-1979)

Des femmes aux garçons

Cet univers est depuis toujours dominé par les femmes, comme la propre vie de Jouhandeau. Chacune de celles qui lui imprimèrent une marque indélébile trouve dans l'œuvre une glorification qui ressemble à un exorcisme. Sa grand-mère, sa mère, tante Alexandrine, Véronique, la duchesse, Élise, Céline enfin... Quelque tendresse, quelque amour, quelque reconnaissance ou quelque grandeur qu'il leur accorde, il se défend mal à leur égard d'une dévote attirance et d'une défiance avouée. À soixante-dix ans, il reconnaissait qu'elles ne semblent avoir été créées que pour ôter à l'homme sa « dignité ». Élise ne l'a-t-elle pas mis pour toujours « dans les fers » ? Aujourd'hui, épuisée la chronique de Chaminadour, qu'eût été pourtant l'inspiration de Jouhandeau sans cette connivence acharnée ? Rien d'étonnant si tant de femmes, et qui le prirent si tôt dans leur lit, comme tante Alexandrine, ont mené fatalement Jouhandeau vers l'amour des garçons. Et, comme elles l'avaient initié aux voluptés du christianisme et à la peur de l'enfer, situation ambiguë, malaisée, que celle de ce catholique fervent, partagé entre ses ardeurs mystiques et le culte de la beauté sous ses formes les plus charnelles. C'est le drame de Monsieur Godeau intime (1926) ; c'est toujours celui des Carnets de Don Juan (1947).

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Écrit par

  • : docteur en littérature française, maître assistant à l'université du Maine, Le Mans

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