MOYSE MARCEL (1889-1984)
Avant que la flûte ne connaisse une vogue extraordinaire grâce à Jean-Pierre Rampal, plusieurs instrumentistes français lui avaient déjà rendu sa place de soliste en la sortant de l'anonymat orchestral où l'avait reléguée le xixe siècle. En même temps, elle voyait se développer ses possibilités techniques et expressives, grâce à Paul Taffanel, Philippe Gaubert et leur disciple, Marcel Moyse, qui ont jeté les bases de l'école française de flûte, reconnue dans le monde entier.
Né à Saint-Amour, dans le Jura, le 17 mai 1889, Marcel Moyse reçoit sa formation musicale à Besançon, puis au Conservatoire de Paris dans les classes d'Adolphe Hennebains, Paul Taffanel et Philippe Gaubert. Il remporte un premier prix de flûte en 1906 et travaille la musique de chambre avec Lucien Capet. En 1908, il débute dans différents orchestres parisiens. Flûte solo à l'Opéra-Comique (1913-1938) et à la Société des concerts du Conservatoire à partir de 1918, il est engagé au même poste par Walter Straram dans l'orchestre d'élite que celui-ci forme à Paris au service de la musique nouvelle (1922-1933).
Dès 1913, il s'impose en soliste, effectuant une première tournée américaine en compagnie de Nellie Melba et du violoniste Jan Kubelík. De 1932 à 1949, il est professeur au Conservatoire de Paris, où il forme l'élite des flûtistes français et étrangers (Roger Bourdin, James Galway, Aurèle Nicolet, Peter Lukas Graf, Jean Fournet...). En 1933, il fonde le trio Moyse avec son fils Louis, également flûtiste, et sa belle-fille, la violoniste Blanche Honegger-Moyse. L'année suivante, il est invité au festival de Salzbourg, où il joue en soliste avec l'Orchestre philharmonique de New York sous la direction d'Arturo Toscanini. De 1936 à 1939, il est membre du Conseil supérieur de la Radio-diffusion française. Fixé aux États-Unis en 1949, il participe, avec Rudolf Serkin et Adolf Busch, à la fondation de l'école de musique et du festival de Marlboro, qui accueillera Pablo Casals à plusieurs reprises. Il fonde aussi un festival à Brattleboro, dans le Vermont, où il résidera jusqu'à sa mort. L'été, il revient en Europe pour donner des cours d'interprétation à Boswil, près de Lucerne et, à partir de 1973, il enseigne au Japon. Il meurt à Brattleboro le 1er novembre 1984.
Flûtiste polyvalent par excellence, Moyse s'est imposé en soliste, comme flûte solo des meilleurs orchestres français, ou en musique de chambre, que ce soit dans le domaine de la musique ancienne ou pour défendre celle de son temps. C'est lui qui enregistra les Concertos brandebourgeois de J.-S. Bach sous la direction d'Adolf Busch (avec un jeune pianiste nommé Rudolf Serkin), c'est lui qui a fait revivre les concertos de Mozart, qu'il grava (avec Lily Laskine dans le Concerto pour flûte et harpe) sous la direction de Piero Coppola, et qui obtinrent le grand prix du disque en 1932. Il remporta l'un des premiers grands prix du disque pour son enregistrement du Prélude à l'après-midi d'un faune de Debussy sous la baguette de Walter Straram. Jacques Ibert lui a dédié son Concerto pour flûte (1934), Bohuslav Martinů et Darius Milhaud chacun un concerto pour flûte et violon, qu'il a créés avec Blanche Honegger-Moyse (1936 et 1940). Roussel a écrit pour lui les Joueurs de flûte (1924).
Compositeur au service de son instrument, on lui doit 50 Variations sur l'allemande de la Sonate pour flûte en la mineur de Bach, 25 Études de virtuosité (d'après Czerny), 12 Études de grande virtuosité (d'après Chopin), ainsi qu'un ouvrage de technique instrumentale, Tone Development through Interpretation.
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Écrit par
- Alain PÂRIS : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France
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