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PAUL MARCEL (1900-1982)

Enfant trouvé dans le XIVe arrondissement de Paris, le 12 juillet 1900, Marcel Paul, syndicaliste, militant communiste, résistant, ministre, officier de la Légion d'honneur, a reçu à sa mort, le 11 novembre 1982, l'hommage du président de la République pour n'avoir « jamais cessé de lutter et d'espérer, car il croyait avant tout à l'homme et à la liberté ».

Pupille de l'Assistance publique, Marcel Paul passe sa rude enfance chez des paysans pauvres de la Sarthe. Ouvrier agricole dès l'été 1913, membre des jeunesses socialistes en 1915, c'est en 1919 et 1920 qu'il participe pour la première fois à des actions syndicales pendant son service militaire, qu'il fait dans la marine, à Brest et à Saint-Nazaire. Ouvrier électricien dans le bâtiment, responsable du comité de grève de Saint-Quentin, il est très vite licencié. Monteur électricien à la Société des transports en commun de la région parisienne en mai 1922, il adhère à la C.G.T.-U. en juin et au Parti communiste français en 1923. Dès lors, il ne va plus cesser de militer sur les plans politique et syndical.

Au Parti communiste français, on lui confie des tâches d'encadrement dans deux arrondissements de Paris, puis au niveau régional. En 1935, il est conseiller municipal du XIVe arrondissement. En 1940, il coordonne l'action dans treize départements de l'Ouest. De 1946 à 1948, il sera député de la Haute-Vienne. Mais, s'il siège de longues années au comité central de son parti, c'est à l'action syndicale qu'il se donne tout entier et c'est par elle qu'il pourra accomplir une œuvre ministérielle durable.

Secrétaire général de la fédération C.G.T. de l'éclairage et des forces motrices en 1931, secrétaire de l'intersyndicale des Services publics en 1932, il participe aux luttes ouvrières dans la France entière et sera même, à Marseille, très grièvement blessé. En 1945, il dirige l'intersyndicale et la Fédération nationale de l'électricité. Le 21 novembre 1945, le général de Gaulle le nomme ministre de la Production industrielle ; il conserve ce portefeuille dans les gouvernements de Félix Gouin et de Georges Bidault jusqu'en novembre 1946.

Ministre de la Production industrielle, Marcel Paul est au premier rang du combat pour le relèvement économique de la France. Il agit dans le droit fil des propos de Maurice Thorez, secrétaire général du P.C.F., qui, à Waziers, en 1945, a déclaré aux mineurs : « Produire, produire, et encore produire... c'est aujourd'hui la forme la plus élevée de votre devoir de classe, de votre devoir de Français. » Son action réussit dans divers secteurs. Il relance notamment la fabrication de machines agricoles et soutient efficacement la reprise des grandes industries de base. À la fin de 1947, Jean Monnet, commissaire général au Plan, souhaitera le retour des communistes au gouvernement pour relancer la bataille de la production.

Mais la grande œuvre de Marcel Paul aura été, en 1945-1946, la nationalisation du gaz et de l'électricité en France, dont il dira : « Je m'y suis accroché comme un chien qui n'a pas mangé depuis huit jours s'accroche à son os. » Appuyé sur sa fédération syndicale, utilisant les études de la C.G.T. et du Conseil national de la Résistance, il veillera à donner aux 62 000 employés de l'électricité et aux 38 000 gaziers une situation juridique et matérielle identique. La nationalisation est présentée comme une « pure mesure productiviste », « un problème de vie économique [mais aussi] d'indépendance de la France ». Artisan du projet de loi, Marcel Paul le défend à l'Assemblée et participe à la rédaction du compromis qui touche aux meilleures conditions d'indemnisation des actionnaires et au rôle du personnel d'encadrement dans la gestion. Dans le vote de la première Assemblée nationale constituante, dans la[...]

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Écrit par

  • : docteur en études politiques et en histoire, ancien délégué-adjoint aux célébrations nationales (ministère de la Culture et de la Communication)

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