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SCHWOB MARCEL (1867-1905)

Journaliste, conteur, poète, grammairien, essayiste, romancier... Il est bien difficile d'étiqueter les recherches de Marcel Schwob, esprit complexe et curieux, aussi attiré par le bizarre, les littératures anciennes ou étrangères, l'érudition que par la poésie naïve. Par ses travaux sur les littératures étrangères, il a beaucoup contribué à élargir les champs d'intérêt et à modifier la sensibilité des intellectuels français, grâce notamment à ses articles, ses études critiques et ses remarquables traductions (Hamlet de Shakespeare, Moll Flanders de Daniel De Foe). En particulier, il a été un de ceux qui ont aidé Claudel (qui fut son ami) à chercher inspiration et modes d'expression hors du domaine français. Il s'est intéressé à la langue de Villon et de ses compagnons (Le Jargon des Coquillards en 1445, publié en 1890) et son Étude sur l'argot français (1889) reste un ouvrage estimé. Il s'est montré également capable d'écrire des textes pastichant les hagiographies médiévales et des nouvelles où revivent en leur langage pirates et truands. Les aspects les plus intéressants de sa sensibilité et de son talent (très représentatifs de ce qu'il a pu y avoir de plus raffiné et d'intelligent dans cette fin du symbolisme) se manifestent dans ses contes et ses textes divers en prose. Il y allie des recherches apparemment divergentes : sensualité et froideur, écriture en versets amples et prédilection pour la préciosité, goût de l'allégorie, attirance pour certaines formes d'ésotérisme... Ses évocations poétiques, ses « proses » savent atteindre une qualité de rythme et de pureté qui en font un styliste remarquable. Son œuvre de conteur (Cœur double, 1891 ; Le Roi au masque d'or, 1893 ; Vies imaginaires, 1896) a peut-être trouvé son expression la plus remarquable dans l'indéfinissable Livre de Monelle (1894), ensemble subtilement construit de contes poétiques où des versets nietzschéens côtoient des pastiches de Perrault ou de Mme d'Aulnoye, où les intentions psychologiques et éthiques s'expriment au travers d'un fantastique raffiné, où fillettes, princesses et prostituées, spiritualistes et sensualistes, limpides et troubles tout à la fois, dessinent par touches successives, dans l'entrelacs de leurs fugitives apparitions, l'univers fantasmatique de la jeune fille. La maladie empêcha cet auteur si doué de faire œuvre plus considérable. Mais, telle qu'elle est, on peut la rapprocher aussi bien de Dostoïevski que de Maeterlinck, du Proust de Pastiches et Mélanges ou du Gide des Nourritures terrestres que des plus accomplis parmi les prosateurs surréalistes.

— Claude BURGELIN

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Écrit par

  • : professeur émérite de littérature française, université Lyon-II

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