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DESBORDES-VALMORE MARCELINE (1786-1859)

Actrice, poétesse, auteure de nouvelles, de romans et de contes, Marceline-Félicité-Joseph Desbordes-Valmore est née à Douai, dans le nord de la France, le 20 juin 1786. Son œuvre connut le succès de son vivant et fut louée par Hugo, Lamartine, Vigny, Sand ou Baudelaire. Verlaine, qui la considérait comme « la seule femme de génie et de talent de [son] siècle », la fit entrer au panthéon de ses Poètes maudits (1884).

Cinquième et dernier enfant d'Antoine-Félix Desbordes, peintre en armoiries et ornements d'églises, puis tisserand à domicile, et de Catherine-Joseph Lucas, fileuse de lin, elle est issue d'un milieu provincial pauvre : en 1790, sous la Révolution, l'atelier familial de tissage de lin fait faillite et, en 1796, ses parents se séparent (« Les Séparés »). Avec sa fille Marceline, Catherine Desbordes part rejoindre son amant Nicolas Saintenoy à Roubaix, puis à Lille, l'année suivante. Ces épreuves marquent durablement la poétesse très attachée au « berceau » natal, qu’elle évoquera dans « Le Mal du pays » (Les Pleurs, 1833).

En 1797, Catherine fait engager Marceline au Théâtre de Lille, puis l'emmène dans une vie d'errance avec son amant, au Théâtre de Rochefort, de Bordeaux (1800) puis à Bayonne (1801). Rêvant de faire fortune aux « Isles », Catherine embarque pour la Guadeloupe avec sa fille à la fin de novembre 1801. En raison des insurrections qui suivent le rétablissement de l'esclavage,toutes deuxdébarquent à l'île de Saint-Barthélemy et ne rejoignent Pointe-à-Pitre qu'en mai. L'auteure des quatre nouvelles des Veillées des Antilles (1821) dénoncera l'esclavage et la vente des enfants esclaves dans la nouvelle « Sarah ». La mort de sa mère, atteinte par une épidémie de fièvre jaune, marquera tout aussi définitivement son univers (« La Tombe lointaine », Pauvres Fleurs, 1839).

Rentrée seule en France, en août 1802, l'orpheline retrouve son père et ses sœurs à Lille. Elle reprend sa carrière d'actrice au Théâtre de Lille, puis au Théâtre des Arts de Rouen (1803). Sa notoriété lui vaut de se faire engager à l'Opéra-Comique de Paris en décembre 1804. En 1805, elle donne avec succès sa première création, Julie ou le Pot de fleurs. Enceinte de Louis Lacour, qui la quitte pour rejoindre l'armée, elle démissionne en avril et se réfugie chez ses sœurs à Rouen ; le 9 septembre 1806, elle donne naissance à Louisa, qui décède trois semaines après. En août 1807, elle publie sa première œuvre, une romance, Le Billet. De sa liaison avec Eugène Debonne naît un fils (Marie-Eugène), le 4 juillet 1810. En 1813, installée à Paris, l'actrice connaît le succès au Théâtre de l'Odéon dans Claudine de Forian, de Pigault-Lebrun. Elle publie ses premiers poèmes en revue (la romance « Je vous écris ») et collabore à des livres-albums et des périodiques (L'Almanach des Muses). Abandonnée par son nouvel amant Hilarion Audibert, elle retrouve un emploi au Théâtre de la Monnaie à Bruxelles. Son fils Marie-Eugène meurt le 10 avril 1816. En mai 1817, elle rencontre Prosper Valmore qui fait ses débuts d'acteur ; de leur mariage en septembre, naîtront quatre enfants, Junie (1818), Hippolyte (1820) (« Un nouveau-né »), Hyacinthe (1821) surnommée Ondine (« Au revoir ») et Inès (1825).

À la fin de 1819, peu avant les Méditations de Lamartine, paraît son premier recueil de poèmes lyriques, Élégies, Marie,et Romances. En juillet 1820, sur les conseils de Henri de Latouche, journaliste et homme de lettres qui devient son amant, elle publie les Poésies: modifiées et rééditées jusqu'en 1830, ces élégies, romances et chansons sur l'enfance, l'amour, le mal du pays ou la mort, font le succès de la poésie romantique.

En 1834, à Lyon, où elle suit son mari acteur, elle[...]

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Écrit par

  • : professeur agrégé, docteur en littérature française, écrivain

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