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MEYER MARCELLE (1897-1958)

De l'école française de piano, Marcelle Meyer possède toutes les qualités mais évite tous les pièges. Si le trait est acéré, la ligne mélodique claire, le regard lucide et contrôlé, ce n'est jamais au détriment de la verve, de la fantaisie, d'un esprit volubile et léger absolument irrésistible. En évitant toute surcharge émotionnelle, Marcelle Meyer sait révéler les jeux harmoniques latents, animer les phrases d'une respiration naturelle, infléchir la rigueur de la construction par un rubato d'autant plus efficace qu'il est manié avec retenue. Par une infinie variété de couleurs et d'attaques, par un jeu dense, raffiné et sincère, Marcelle Meyer nous conduit tout simplement à l'évidence.

Marcelle Meyer naît à Lille le 22 mai 1897. Sa famille, très mélomane, lui permet de progresser très vite dans l'étude du piano. La précocité de ses dons ainsi que des capacités de déchiffrage hors du commun ne tardent pas à attirer l'attention des grands professeurs du temps. Alfred Cortot et Ricardo Viñes seront ses maîtres. Elle commence à enregistrer dans les années 1920. C'est d'abord comme interprète privilégiée du groupe des Six qu'elle se fait connaître. Elle crée plusieurs œuvres de Darius Milhaud : Printemps (1920) et L'Automne (1932), pour piano seul ; avec le compositeur lui-même, elle crée en 1937 Scaramouche, pour deux pianos. Le 13 juin 1923, elle tient, avec Francis Poulenc, Georges Auric et Hélène Rolla, une des quatre parties de piano lors de la création du ballet Les Noces d'Igor Stravinski, sous la direction d'Ernest Ansermet.

La carrière discographique de Marcelle Meyer va prendre son essor grâce à sa collaboration avec Les Discophiles Français, pour qui elle gravera à partir de 1946 plus de soixante 78-tours. Il faut rendre hommage à l'intelligence et au courage de cet éditeur, qui confiait alors à Yves Nat la tradition du romantisme germanique et à Marcelle Meyer la redécouverte des grands clavecinistes ainsi que les audaces de la musique française du début du xxe siècle. Au répertoire de Marcelle Meyer figurent donc Bach, Rameau, Couperin, Domenico Scarlatti – bien avant le succès mondial de l'album signé en 1964 par Vladimir Horowitz –, mais aussi Schubert, si mal aimé à l'époque, Chabrier, si méconnu, mais surtout Debussy et, par-dessus tout, Ravel. Marcelle Meyer avait recueilli les conseils de ce dernier et elle laisse une mémorable quasi-intégrale de son œuvre pour piano seul. Elle meurt à Paris le 18 novembre 1958.

— Pierre BRETON

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